6ème jour de
confinement (dimanche 22 mars 2020)
Levé tard, je m’habille et je
sors acheter du pain. Je discute avec C. et J. qui font la queue devant chez le
boucher, le petit J. est charmant. Petit-déjeuner. Je redescends acheter des
cigarettes. Les discussions avec les gens croisés sont désabusées, floues, dans
l’expectative… J’appelle S. mais il fait son footing. J’appelle Tatie MP, on
discute une demi-heure. Mais je sens que ce que je raconte est un peu
déprimant. J’éteins mon téléphone portable, ce sera une journée sans – ou du
moins je vais essayer. Je bois un café à la fleur d’oranger, fume une
cigarette. Je sens que la journée va être longue, je me sens un peu triste, un
peu seul. Le silence est plus grand aujourd’hui dimanche, je reste dans ce
silence, et je regarde les nouvelles sur Internet…
Depuis le 24 janvier 2020, la France compte 14 459 cas de Coronavirus
COVID-19 et 562 personnes sont décédées depuis le début de l'épidémie. Nous en
sommes à 311 988 cas confirmés dans le monde (22 mars 2020, à 13h00),
13 407 décès et les 93 790 guérisons. Pour rappel, le paludisme avait
fait 584 000 victimes dans le monde en 2013, dont une majorité d’enfants
en bas âge ; la moyenne annuelle semble être de 429 000 décès de la
malaria par an. Quant au Sida, il fait encore 940 000 victimes en 2017
dans le monde.
Je continue l’écoute de l’émission
Le Feu, la Rage, l’Orage, qui est vraiment très bien. Je mets une cloche (une « cloche
de conscience / mindfull bell » https://awakeningbell.org/),
je ne sais pas pourquoi mais elle me soutiendra spirituellement une partie de l’après-midi.
J’ai sur le fauteuil l’exemplaire
prêté par K. : « Writing the real », a bilingual anthology of
contemporary French Poetry, édité par Nina Parish et Emma Wagstaff. Je me dis
qu’il faudra m’y plonger, qu’écrire le réel reste un enjeu aujourd’hui, que le
réel opaque demeure une énigme.
Je réponds à quelques mails. Je
continue d’écouter Radio Pikez, notamment le journal de confinement d’Adèle.
C’est ce temps étiré, sans
urgence comme sans priorité, qui est très impressionnant. Ce n’est même pas le
temps de la maladie ou de la convalescence, où la priorité du moins est de
soigner le corps et d’aller mieux, où tout le temps est concentré à ça :
la guérison. Mais là, maintenant, il n’y a même pas cette perspective. Sans but
et sans objectif autre que l’objectif collectif.
Après je remets Let’s have a kiki. Plusieurs fois. Pour
essayer de choper des trucs de la chorégraphie.
Je me remets à lire Les Âmes fortes de Giono. C’est plaisant
à lire. Les tourterelles et les moineaux posés dans les branches au-dessus du
poulailler mon font un spectacle : ils vont et viennent dans la cabane
pour picorer de quoi manger. Je repense au Cavalier
Noir. Je reprends le fichier, retrouve le cahier de notes, et me remets à y
travailler. Dans les recherches, je tombe sur la photographe Vivian Maier.
Internet. Je découvre ça aussi : Pascal Gillet et ses chansons, et sur cette Chronique dakaroise (Paroles de confinement). Goûter vers 16h30, thé. Le découragement et la tristesse se sont
estompés, j’ai mis du temps à laisser la place au silence et à accorder mon
intérieur au contexte.
J’en suis épuisé et je vais faire
une sieste. Réveil à 19h30. Textos (de F., Ak, CJ, Ad), message de S. Internet.
Photographie de Vivian Maier, fanfare jazz de MEUTE… Dîner.
Un vrai dimanche.
Vivian Maier, photographe
MEUTE, You & me
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