mercredi 9 décembre 2009

Un silence isolé du monde ?

Certains m’imaginent, ici en vacances, ou isolé du monde… C’est drôle. J’ai plutôt l’impression que c’est le monde qui m’isole et qui m’oublie, qui me permet de l’oublier, et c’est assez agréable et reposant… Et, vivant avec une dizaine de personnes, dans une campagne certes silencieuse (ou presque), dans une maison régulièrement accueillante pour qui vient d’ailleurs, comment me sentirais-je isolé ? Comment parler d’isolement, de retraite, dans ce monde en réseau, en réseaux ? Comment être isolé aujourd’hui avec le courrier postal, la radio, le téléphone, Internet ?
Parlons blog. C’est un monde hallucinant – et pourtant je le connais fort peu – à géographie aléatoire, affective, sans frontière, me semble-t-il… Ce sont, partout (ici !), des livres qui s’écrivent au quotidien, aux quotidiens (ou non) de leurs auteurs : des livres qui se donnent à lire en même temps qu’ils s’écrivent. On passe de l’un à l’autre sans limite et si je rends visite à mes blogs amis : Thomas Querqy et le florilège de citations de Saint-Loup, je passe à la découverte de Nicolas Ravière et au graphisme de "J'ai flané pour vous", je passe à la photographie avec cette étrange Shooting Gallery 365, le travail de Heriberto Aguirre qui m'amène à celui d'Antoine … C’est vertigineux. Vérifiant parfois combien de lecteurs viennent me lire ici, je suis toujours surpris : qui pouvez-vous bien être ? Par où êtes-vous arrivés ici ?

Mais c’est là la magie vertigineuse de la Toile : si je fais une recherche sur le photographe espagnol Garcia-Alix, je découvre ces images...
Si je cherche des images de Malick Sidibé, je vais tomber sur les portraits d’Antoine Tempé et sur le travail de Alioune Bâ.
Si je me documente sur Brassaï, j’apprends l’existence historique du Bal des Quat’zArts et du Bal du Magic-City – ce qui me fait dire qu’on a tout de même bien perdu en liberté des corps – et du personnage incroyable de Barbette, ce qui me ramène à Man Ray…
Bref, avec Internet, ses blogs, ses images, ses textes, le monde entier ou presque est à la portée d’anonymes autodidactes.

Hélas, j’ai appris qu’un ami, après avoir tenu ce type de journal internautique qu’est le blog, pendant deux ans, l’avait supprimé. Le résultat est qu’il n’est plus en ligne mais, pour moi, cela veut dire qu’un livre a disparu : un livre inachevé qui se lisait au moment même où il se faisait a été définitivement autodafé. Et ce supplice par le feu est même plus violent, car avec la Toile, pas besoin de feu, aucun spectacle, nul espoir qu’un exemplaire soit sauvé par un bibliophile aussi résistant qu’affolé : il suffit d’un clic, il n’y eut qu’un déclic. Le vertige formidable (au sens classique du terme : redoutable) me semble devenir un cauchemar (mais peut-être les fichiers existent-ils encore quelque part ?).
Je ne pense pas qu’on ait encore pleinement conscience de la révolution que ce réseau informatif a sur le cours du monde : Internet est ce qu’on en fait. Ce qui laisse tout de même pas mal de liberté. Du moins pour l’esprit.
J’en reste flou.

1 commentaire:

J'ai flâné pour vous a dit…

"L’actualité sur «j’ai flâné pour vous», ce sont des photos, des concerts, des expositions, des coups de cœur, des rencontres, du travail… Le plaisir de feuilleter, de chercher et de se perdre pour trouver autre chose. Imaginer un monde nouveau, parce que la semaine dernière j’ai pleuré les étoiles d’araignées plein les yeux, engagée par des images bruyantes et dissonantes…
Un labo transdisciplinaire pour réinterpréter des idées qui existent depuis la nuit des temps, un laboratoire qui crée sa réalité et qui déverse le contenu de ses éprouvettes sur la toile avec un œil créatif d’aujourd’hui."

je me permets juste cette petite parenthèse… presque 3 ans sur la toile… ça rend vraiment flou!!!!