29 janvier 10 • Une journée ordinaire côté cour
Lever vers 8 heures. Il semble, quand je sors de l’étage des chambre par l’escalier extérieur pour aller dans la grande salle, qu’il fasse moins froid : zéro. Petit-déjeuner avec F. et la radio. Commentaires. Allumer le poêle du premier coup. Ressortir et remonter l’escalier extérieur pour aller au bureau, traiter les courriels (des nouvelles des passeurs, de l’imprimeur, de Grenoble, de Liernais, de Hong Kong, d’Irak), je tente d’appeler un graphiste avec qui j’aimerais travailler. K. passe, on discute, on lit les articles sur le procès des sans-papiers de Vincennes. Je redescends mettre une bûche, le téléphone sonne, des nouvelles de T., je donne le message à F. qui repart à Lyon. Faire la vaisselle de la veille en surveillant le feu. Manger en vitesse (il reste du minestrone partagé hier avec A. et C. : épeautre, carottes, haricots, poireaux et nos fameuses pommes de terre). Prendre une douche et remonter m’habiller vraiment, plus chaudement (ouf !). Fumer une cigarette et rédiger deux lettres (une administrative, une amicale – il me faudra une photocopie). La lettre administrative me donne envie de faire la sieste. Au réveil, il est difficile de sortir de sous la couette (12° dans les chambres) mais je m’habille et je descends au village. Bureau de tabac, photocopie, poste, boulangerie. Maintenant je monte bien la côte et je rentre réchauffé. Je regarde un documentaire sur Comment l’imagerie occidentale et Hollywood en particulier diabolisent les Arabes. Dîner avec F., N. et A. dans la grande salle. Je reste passer la soirée près du poêle, à lire et préparer mes cours, et à me rappeler que je suis en retard pour les réponses des courriers de M. et S. Je monte me coucher, allume le candélabre, grimpe dans un lit très haut et souffle les bougies.
1er mars 2010 • La cuisson du biscuit
Si quelqu’un était venu se promener du côté de Taillis Vert, hier au soir, il aurait vu deux ou trois personnes s’activer autour du foyer du four du potier. Nous y avons passé la nuit, Y. et moi, à entretenir le feu ; la pleine lune sous les nuages les transformait soit en lac, soit en fleuve ; à trois heures, les oies, curieuses, puis les brebis, sont venues nous regarder. Puis nous avons vu l’aube, puis le jour, puis j’ai dormi un peu, et le potier est venu nous relayer à neuf heures pour continuer la cuisson. Je suis allé me coucher, me suis réveillé pour faire à manger et porter un plateau au four, et je suis retourné dans ma chambre me reposer. 16h43. Je commence la lecture de Fou de Vincent, de Guibert, commandé à la Hulotte et ramené d’Annonay dans un sachet en kraft. Voilà longtemps que je n’avais pas lu un livre non massicoté, avec ce plaisir de la découpe des feuillets avec un coupe-papier (un couteau Laguiolle) qui rythme la lecture. Puis je me dis que ce livre (je ne l’ai jamais vu directement disponible sur des rayons) est livré non découronné pour respecter la censure de la morale : être sûr que le lecteur de ces pages qui commencent avec un suicide, puis assez vite érotiques, l’a payé. Ou volé, me rassuré-je. J’écris ces quelques lignes. Rien que cela (la lecture et l’écriture) aurait suffi à combler ma journée.
Mais si un ou une promeneuse avait voulu profiter de la nuit ce soir même (car la journée n’est pas finie), c’est d’un feu gigantesque, à plus de mille degrés, dont les deux ou trois personnes s’occupaient ; ils ouvraient régulièrement la bouche du foyer, pures lumière et chaleur, pour la nourrir de bois. Une fournaise contenue dans ce gros four en terre, à deux chambres : un monstre vivant, rougeoyant, bombinant, crépitant, grondant. L’éclat du four aurait projeté jusqu’au chemin des promeneurs une lumière chaude et vive en contraste avec la blancheur froide de la lune.
A minuit, la température souhaitée était atteinte pour cuire le biscuit, le potier a scellé la porte du four, a bouché toutes les ouvertures, pour laisser infuser cette chaleur vive pendant trois jours. Nous sommes remontés à la maison -J’en avais les larmes aux yeux. -, épuisés, et les voisins de la petite maison se sont annoncés pour un petit concert : voilà une contrebasse, deux guitares et un accordéon qui débarquent avec leurs chanteurs pour un impromptu offert pour cette journée extraordinaire.
31 mars 10 • Une journée intra-ordinaire
Lever vers 8 heures. Petit-déjeuner, six tartines, s’occuper de la basse-cour : sept œufs dont un de l’Oie – il fait froid. Travail dans ma chambre, finalisation d’un texte envoyé ensuite par courriel, que je confie à Yann Montigné pour le mettre en page. Descendre au village acheter du tabac – ou il fait froid, ou je suis trop peu habillé. Relever le courrier et l’apporter chez N. la voisine, où je me fais inviter à déjeuner avec F. et A. Préparer mes affaires pour les deux cours de l’après-midi. Avant de rentrer, passer à la bibliothèque de Bourg-Argental, y prendre de la poésie et des films (Beautiful Boxer et L’Enfer d’Ethan). Rentrer à la maison, faire un peu d’Internet, fumer une cigarette, s’occuper du compost. Remonter dans ma chambre et y écrire un peu (bonne dynamique), C. passe me dire que Am. est chez J. et F. et qu’elle peut nous parler du réseau Repas et des compagnonEs, j’y retrouve Al. et N., réunion > on discute, on mange des pâtes. Je remonte au bureau pour passer un coup de fil. Et je rentre dans ma chambre pour écrire.
Lever vers 8 heures. Il semble, quand je sors de l’étage des chambre par l’escalier extérieur pour aller dans la grande salle, qu’il fasse moins froid : zéro. Petit-déjeuner avec F. et la radio. Commentaires. Allumer le poêle du premier coup. Ressortir et remonter l’escalier extérieur pour aller au bureau, traiter les courriels (des nouvelles des passeurs, de l’imprimeur, de Grenoble, de Liernais, de Hong Kong, d’Irak), je tente d’appeler un graphiste avec qui j’aimerais travailler. K. passe, on discute, on lit les articles sur le procès des sans-papiers de Vincennes. Je redescends mettre une bûche, le téléphone sonne, des nouvelles de T., je donne le message à F. qui repart à Lyon. Faire la vaisselle de la veille en surveillant le feu. Manger en vitesse (il reste du minestrone partagé hier avec A. et C. : épeautre, carottes, haricots, poireaux et nos fameuses pommes de terre). Prendre une douche et remonter m’habiller vraiment, plus chaudement (ouf !). Fumer une cigarette et rédiger deux lettres (une administrative, une amicale – il me faudra une photocopie). La lettre administrative me donne envie de faire la sieste. Au réveil, il est difficile de sortir de sous la couette (12° dans les chambres) mais je m’habille et je descends au village. Bureau de tabac, photocopie, poste, boulangerie. Maintenant je monte bien la côte et je rentre réchauffé. Je regarde un documentaire sur Comment l’imagerie occidentale et Hollywood en particulier diabolisent les Arabes. Dîner avec F., N. et A. dans la grande salle. Je reste passer la soirée près du poêle, à lire et préparer mes cours, et à me rappeler que je suis en retard pour les réponses des courriers de M. et S. Je monte me coucher, allume le candélabre, grimpe dans un lit très haut et souffle les bougies.
1er mars 2010 • La cuisson du biscuit
Si quelqu’un était venu se promener du côté de Taillis Vert, hier au soir, il aurait vu deux ou trois personnes s’activer autour du foyer du four du potier. Nous y avons passé la nuit, Y. et moi, à entretenir le feu ; la pleine lune sous les nuages les transformait soit en lac, soit en fleuve ; à trois heures, les oies, curieuses, puis les brebis, sont venues nous regarder. Puis nous avons vu l’aube, puis le jour, puis j’ai dormi un peu, et le potier est venu nous relayer à neuf heures pour continuer la cuisson. Je suis allé me coucher, me suis réveillé pour faire à manger et porter un plateau au four, et je suis retourné dans ma chambre me reposer. 16h43. Je commence la lecture de Fou de Vincent, de Guibert, commandé à la Hulotte et ramené d’Annonay dans un sachet en kraft. Voilà longtemps que je n’avais pas lu un livre non massicoté, avec ce plaisir de la découpe des feuillets avec un coupe-papier (un couteau Laguiolle) qui rythme la lecture. Puis je me dis que ce livre (je ne l’ai jamais vu directement disponible sur des rayons) est livré non découronné pour respecter la censure de la morale : être sûr que le lecteur de ces pages qui commencent avec un suicide, puis assez vite érotiques, l’a payé. Ou volé, me rassuré-je. J’écris ces quelques lignes. Rien que cela (la lecture et l’écriture) aurait suffi à combler ma journée.
Mais si un ou une promeneuse avait voulu profiter de la nuit ce soir même (car la journée n’est pas finie), c’est d’un feu gigantesque, à plus de mille degrés, dont les deux ou trois personnes s’occupaient ; ils ouvraient régulièrement la bouche du foyer, pures lumière et chaleur, pour la nourrir de bois. Une fournaise contenue dans ce gros four en terre, à deux chambres : un monstre vivant, rougeoyant, bombinant, crépitant, grondant. L’éclat du four aurait projeté jusqu’au chemin des promeneurs une lumière chaude et vive en contraste avec la blancheur froide de la lune.
A minuit, la température souhaitée était atteinte pour cuire le biscuit, le potier a scellé la porte du four, a bouché toutes les ouvertures, pour laisser infuser cette chaleur vive pendant trois jours. Nous sommes remontés à la maison -J’en avais les larmes aux yeux. -, épuisés, et les voisins de la petite maison se sont annoncés pour un petit concert : voilà une contrebasse, deux guitares et un accordéon qui débarquent avec leurs chanteurs pour un impromptu offert pour cette journée extraordinaire.
31 mars 10 • Une journée intra-ordinaire
Lever vers 8 heures. Petit-déjeuner, six tartines, s’occuper de la basse-cour : sept œufs dont un de l’Oie – il fait froid. Travail dans ma chambre, finalisation d’un texte envoyé ensuite par courriel, que je confie à Yann Montigné pour le mettre en page. Descendre au village acheter du tabac – ou il fait froid, ou je suis trop peu habillé. Relever le courrier et l’apporter chez N. la voisine, où je me fais inviter à déjeuner avec F. et A. Préparer mes affaires pour les deux cours de l’après-midi. Avant de rentrer, passer à la bibliothèque de Bourg-Argental, y prendre de la poésie et des films (Beautiful Boxer et L’Enfer d’Ethan). Rentrer à la maison, faire un peu d’Internet, fumer une cigarette, s’occuper du compost. Remonter dans ma chambre et y écrire un peu (bonne dynamique), C. passe me dire que Am. est chez J. et F. et qu’elle peut nous parler du réseau Repas et des compagnonEs, j’y retrouve Al. et N., réunion > on discute, on mange des pâtes. Je remonte au bureau pour passer un coup de fil. Et je rentre dans ma chambre pour écrire.
C’est quoi une journée ordinaire et une journée extraordinaire ?
C'est quoi la différence ?
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