En ville, il y a des gens qui viennent de partout, il y a des parterres de tulipes, il y a des librairies pleines de livres et des choses à lire sur les murs (ici ou là, il y a des gens qui se réunissent pour discuter, réfléchir, s’organiser), il y a les gens qui se réveillent tôt pour aller travailler et il y a les gens qui vont au travail plus tard. Il y a des enfants qui vont à l’école, il y a des fontaines, il y a de grandes places où des gens se promènent (on y vend des ballons, des glaces, des beignets). Il y a beaucoup de lumière, des néons, des enseignes, des lanternes, même la nuit tout est éclairé. Il y a même des salles obscures où des gens se rassemblent pour regarder de la lumière projetée. Il y a des vitrines pleines de produits divers et variés : les épiceries sont pleines, les fruits à profusion en montagnes bien rangées, et des manteaux, des chaussures en beau cuir, des meubles de tout style, de la vaisselle ronde ou carrée, des images monochromes ou colorées, des fleurs en toute saison. Il y a des rendez-vous, il y a des affaires à gérer, il y a des choses à discuter, il y a des choses à faire et on dit que c’est très important. Il y a des conférences, il y a des soirées de soutien, il y a des spectacles.
Dans les nombreux étages, il y a des hommes et des femmes qui écoutent de la musique, qui travaillent, qui téléphonent, qui prennent soin de quelqu’un, qui fabriquent, qui assemblent, qui expédient, qui cuisinent, qui mangent, qui lisent, qui dorment. Il y a, aux terrasses des cafés, des femmes et des hommes qui lisent le journal, des jeunes gens qui se rapprochent des jeunes filles, des jeunes filles qui se moquent des garçons, deux hommes qui boivent le café côte à côte (l’un remue gentiment le sucre dans la tasse de l’autre). Dans la rue, il y a des femmes qui avancent dans leur vie et qui le montrent, des hommes qui ont raté la leur et qui croient le cacher (ils ont de grosses montres pour faire comme si leur temps était précieux), des vieux qui continuent leur vie (pourquoi le cacher ?), des jeunes gens qui sont désespérés et qui ne peuvent le cacher. En ville, il y a les gens habillés à la mode du moment (parfois, on ne fait pas bien la différence avec les nombreuses images publicitaires qui affichent ce qu’il est normal d’être), il y a ceux à la mode de la saison précédente, et ceux qui ne sont pas du tout à la mode, parce qu’ils s’en foutent, ou parce qu’ils n’en ont pas les moyens (de ceux-là on parle peu souvent, et on les laisse encore moins parler).
Il y a des gens qui ne s’assoient pas dans les cafés, qui ne vont pas ou plus travailler, qui ne font pas la queue dans les magasins. Il y a des gens qui passent leur temps à chercher où gagner l’argent qu’il leur faut pour vivre. Il y a des gens qui ne s’assoient pas dans les cafés, des gens qui passent leur matinée à faire la queue à la CAF pour quelques centaines de balles – parce qu’ils en ont besoin – et à qui on fait comprendre qu’ils devraient déjà être bien contents, qu’ils s’en sortent plutôt bien sans travailler (qu’importe leurs activités non rémunérées, on les appelle des parasites). Il y a des gens qui ne produisent, ne vendent ni n’achètent rien (ceux-là sont considérés comme inutiles). Il y a des gens qui viennent de partout (ceux-là sont désignés comme étrangers, c’est encore un autre statut vers la marge). De tout ceux-là on parle peu, et on les laisse encore moins parler
Il y a des gens qui peuvent travailler, des gens qui peuvent se faire soigner, des gens qui ont des droits, des gens qui ont des devoirs. Il y a des gens qui ne viennent pas d’ici qui devront bientôt payer 30 € le droit de se faire soigner – avant même qu’on les soigne. De ceux-là on parle peu, et on les laisse encore moins parler. Il y a des gens qui se marient, il y a des gens qui font des enfants, on peut même les aider parce qu’ils en ont le droit. Et il y a les gens qui n’en ont pas le droit, ni de se marier, ni de faire des enfants, ou alors c’est illégal (de ceux-là on parle peu, et on les laisse encore moins parler).
Dans les nombreux étages, il y a des hommes et des femmes qui écoutent de la musique, qui travaillent, qui téléphonent, qui prennent soin de quelqu’un, qui fabriquent, qui assemblent, qui expédient, qui cuisinent, qui mangent, qui lisent, qui dorment. Il y a, aux terrasses des cafés, des femmes et des hommes qui lisent le journal, des jeunes gens qui se rapprochent des jeunes filles, des jeunes filles qui se moquent des garçons, deux hommes qui boivent le café côte à côte (l’un remue gentiment le sucre dans la tasse de l’autre). Dans la rue, il y a des femmes qui avancent dans leur vie et qui le montrent, des hommes qui ont raté la leur et qui croient le cacher (ils ont de grosses montres pour faire comme si leur temps était précieux), des vieux qui continuent leur vie (pourquoi le cacher ?), des jeunes gens qui sont désespérés et qui ne peuvent le cacher. En ville, il y a les gens habillés à la mode du moment (parfois, on ne fait pas bien la différence avec les nombreuses images publicitaires qui affichent ce qu’il est normal d’être), il y a ceux à la mode de la saison précédente, et ceux qui ne sont pas du tout à la mode, parce qu’ils s’en foutent, ou parce qu’ils n’en ont pas les moyens (de ceux-là on parle peu souvent, et on les laisse encore moins parler).
Il y a des gens qui ne s’assoient pas dans les cafés, qui ne vont pas ou plus travailler, qui ne font pas la queue dans les magasins. Il y a des gens qui passent leur temps à chercher où gagner l’argent qu’il leur faut pour vivre. Il y a des gens qui ne s’assoient pas dans les cafés, des gens qui passent leur matinée à faire la queue à la CAF pour quelques centaines de balles – parce qu’ils en ont besoin – et à qui on fait comprendre qu’ils devraient déjà être bien contents, qu’ils s’en sortent plutôt bien sans travailler (qu’importe leurs activités non rémunérées, on les appelle des parasites). Il y a des gens qui ne produisent, ne vendent ni n’achètent rien (ceux-là sont considérés comme inutiles). Il y a des gens qui viennent de partout (ceux-là sont désignés comme étrangers, c’est encore un autre statut vers la marge). De tout ceux-là on parle peu, et on les laisse encore moins parler
Il y a des gens qui peuvent travailler, des gens qui peuvent se faire soigner, des gens qui ont des droits, des gens qui ont des devoirs. Il y a des gens qui ne viennent pas d’ici qui devront bientôt payer 30 € le droit de se faire soigner – avant même qu’on les soigne. De ceux-là on parle peu, et on les laisse encore moins parler. Il y a des gens qui se marient, il y a des gens qui font des enfants, on peut même les aider parce qu’ils en ont le droit. Et il y a les gens qui n’en ont pas le droit, ni de se marier, ni de faire des enfants, ou alors c’est illégal (de ceux-là on parle peu, et on les laisse encore moins parler).
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