mardi 31 août 2010

Les auteurs

J'ai rencontré Arnaud Friedmann à ce fameux Salon du Livre de Saulieu. Après avoir félicité un autre auteur, s'intéressant aux femmes du XVIIIè siècle - parce qu'il se parfumait au Grey Flannel, très audacieux dans ses effluves de... violette, que je peux reconnaître entre tous (parfum désuet et précieux aujourd'hui).
Je n'aime pas parler aux auteurs. Je n'ai rien à leur dire, ou rarement ; je n'ai pas toujours lu leur(s) livre(s), ce qui est une faute de goût de leur point de vue ; cela ne m'intéresse pas de partager des ficelles avec eux - parce que je n'en ai pas : quand j'écris, je ne sais pas ce que je fais avant de l'avoir fini, ce qui est rare, autant le dire. J'aime les auteurs quand ils sont des amis , ou quand je les édite, ce qui revient pour moi à la même chose (j'édite des rencontres et je le revendique comme tel) : Aurélye Perrette, Fred Helle, Ernest Boursier-Mougenot, bientôt Marion Massip et Franck Bailliet j'espère
Je cherchais Ernest Boursier-Mougenot (L'Amour du banc chez Actes Sud qui fait référence auprès des designers et des architectes, Les Animots de Buffon à l'Escargot Savant, et bientôt Vers mal arrimés à... La Pierre qui Roule), le voisin de table d'Arnaud Friedmann, et je me suis laissé séduire, c'est le cas de le dire.
"Qui est Ernest ? répondit-il à ma question. Maintenant que vous êtes là, vous regarderez bien mes livres." Contraint comme un écolier mal appris, j'ai donc regardé ses livres.
Son Jeanne en juillet, aux éditions de la Boucle, est étonnant. Prendre le point de vue d'un personnage complètement étranger à soi me paraissait une méthode pour moi inabordable, à cent lieux de ce que je tente paresseusement de faire. Prendre le point de vue d'une femme enceinte, quand on est un homme, me semblait douteux - mais il est vrai que le milieu féministe qui m'entoure donne parfois de préjugés. Arnaud Friedmann s'en tire avec sobriété et justesse, avec charme en effet, si je peux être objectif à ce niveau-là.
Comme quoi, de rencontrer les auteurs...

lundi 30 août 2010

A défaut d'écrire

Lire Sagan en se disant que ses livres renouvellent les clichés (la passion charnelle, le trio amoureux, la jeunesse et son plaisir d'exister) et les rajeunissent d'une façon plus charmante, plus élégante, plus juste - et que ces beaux clichés, cette élégance charmante, ont été utilisés, usés par le monde de l'édition, déniés par la critique, finalement boudés par le public.
Lire Sagan en se disant rageusement que j'aurais aimé écrire ce qu'elle écrit (La Chamade) - ce n'est pas la seule dont je pense cela - et je suis pris d'un léger mais persistant découragement, inutile et futile.

dimanche 29 août 2010

(ex) Star

Ces temps-ci, je suis plus qu'ému, révolté par le destin et l'écriture de Françoise Sagan. A dix-huit ans, elle écrit Bonjour Tristesse qui fit scandale (parce que l'héroïne a une liaison sexuelle hors mariage...)
« En fait, j'ai été très surprise du scandale que ce livre a suscité. Pour les trois quarts des gens, le scandale de ce roman, c'était qu'une jeune femme puisse coucher avec un homme sans se retrouver enceinte, sans devoir se marier. Pour moi, le scandale dans cette histoire, c'était qu'un personnage puisse amener par inconscience, par égoïsme, quelqu'un à se tuer. »
(interview donnée à Alain Louyot et publiée dans L'Express le 27/09/2004).
On l'encense, on l'adore, ce charmant petit monstre. Ses "frasques" (son côté dandy, ses voitures de sport, son accident de la route, ses séjours à Saint-Tropez, son goût pour le jeu et le casino, ses mariages... et peut-être sa bisexualité plus ou moins cachée) font le plaisir de la presse à scandale : le public la confond avec ses personnages et elle devient rapidement, malgré elle, le symbole d'une génération aisée, insouciante et désinvolte, sexuellement libérée. Éternelle adolescente, elle incarne un mode de vie et même une mode pour les jeunes gens avec ses jeans, ses tee-shirts à rayures, ses espadrilles sans chaussettes. Françoise Sagan a tout, dans ces années de prospérité de l'immédiat après-guerre, du phénomène de société.
Ses engagements politiques, rares (en 1961, en pleine guerre d'Algérie, elle signe la Déclaration sur les droits à l'insoumission dans la guerre d'Algérie, qui approuve l'insoumission des appelés en Algérie ; en avril 1971, elle signe le Manifeste des 343 femmes qui déclarent avoir avorté illégalement, plus connu sous le nom de Manifeste des 343 salopes ; elle fait don de ses droits polonais à Solidarność) ; son soutien (relatif) de François Mitterrand la gardent sur le devant de la scène : elle fait partie de cette gauche caviar qui a le pouvoir, on l'invite à la télévision, elle est probablement toujours mondaine.
Elle publie un livre tous les deux ans, sans compter les pièces. La critique, après s'être montré charmée, s'avoue agacée par « l'incontournable désinvolture » de cette bourgeoise.

Angelo Rinaldi, L'Express du 25 août 1994 :
« Le succès commercial de Madame Sagan est à ce point automatique désormais que la critique en vient à ne plus examiner ce qu'elle publie. Elle jouit d'une rente de situation. On dirait que le personnage malin et subtil qu'elle présente à travers ses interviews dispense à jamais de prendre connaissance de ses écrits. Il est entendu qu'elle bâcle - elle-même en convient. Et, c'est universellement admis, si elle voulait vraiment, quelles merveilles ne renouvellerait-elle pas ! Le dernier livre est-il exécrable ? Attendons le suivant. Et ainsi passent les années. Cependant, un jour on se décide à y regarder de près. Un jour, on se souvient qu'en littérature comme en amour ce sont les actes, les preuves qui comptent, et non les virtualités... »
Et puis on la conspue : elle est est impliquée dans un trafic de drogue en 1995, et dans une affaire de fraude à millions (l'Affaire Elf) en 2002. Elle est condamnée, elle est ruinée, elle est blessée - si tant est qu'elle ne le fût déjà.
En 2001, Libération la trouve trop légère, pas politique, futile, inutile et bourgeoise. Elle adressera un fax au rédacteur en chef par lequel elle rappellera qu'elle et Bernard Frank ont signé le Manifeste des 121 et elle conclura son texte par cette formule cinglante :
« Ma réputation de futilité étant bien assise, je vous serais reconnaissante d'en citer à l'occasion les exceptions ».

Et puis, on l'oublie. Ses romans sont démodés ou apparaissent comme tels : trop faciles. On la trouve vieille, ridicule. Elle est recueillie par une amie. Elle s'enferme dans un désenchantement élégant. Elle est toujours dandy. Elle meurt dans l'oubli. Après l'avoir indûment utilisée, le monde commercial l'avait jetée.
En 1998, la romancière rédigeait son épitaphe :
« Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »
" petit oiseau effarouché
sur le grill
des poses d'écolière
très touchant "
...dit Cyril

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Stars


CHRISTIAN ET LE PETIT ROBERT .12
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mercredi 18 août 2010

Rendez-vous à Saulieu

« Être de quelque part ne signifie pas grand-chose. Ou seulement pour les gens qui y sont restés. Ceux qui sont restés quelque part. »
C’est ce que se disait Gabriel Courtois en arrivant à Saulieu. À pied, doit-on préciser.
Gabriel Courtois est professeur de latin-grec au Lycée de Clamecy. Il y est connu, vous pouvez le vérifier. Il a pris le train à Cravant pour venir à Saulieu mais il est descendu, étrangement, à la gare de Macon, pour revenir sur ses pas, à pied, par Saint Martin de la Mer. Autant dire qu’il prend les chemins de traverse. Mais peut-on appeler « gare » cette station, qui suit celle de Saulieu, seulement marquée par un trottoir de granit, et dont le nom – du village tout proche – copie celui d’une ville plus connue ?
En arrivant à Saulieu par la rue de Villeneuve, Gabriel fait aboyer les chiens. Du linge est étendu dans les jardins, du bois est rangé dans les hangars, on se dispute dans une des maisons. La pompe à eau ne sert plus, remarque-t-il. Ensuite, Saint-Saturnin sonne trois fois. Il est en avance. Peu de monde.

Soudain la basilique sonne à toute volée. Un mariage ou un enterrement ? « Un enterrement », conclue Gabriel, vu la gravité des cloches et le peu de vie de la ville : c’est un glas.
Ce sont donc bien les sons qui font la frontière de la ville. D’ailleurs l’organiste répète à Saint-Saturnin. Gabriel note tout cela. Pourquoi ? Et que vient faire ce personnage anodin dans ce lieu et dans cette histoire qui n’existe pas encore ? On ne saurait pourtant être trop prudent, ni se méfier assez des professeurs de langues mortes, encore jeunes, un peu trop solitaires et qui voyagent avec une sacoche. Surtout quand ils portent une chemise un peu trop courte, dont les pans volent sur son pantalon, et des sandales aussi… bohémiennes. Les petits vagabonds sont-ils toujours ceux qu’on croit ?
Une histoire qui n’existe pas, précisément. Mais comment imaginer que quoi que ce soit se passe, un après-midi d’été, dans une bourgade de Bourgogne, charmante, mais désertée à l’heure où les notables digèrent ?

Gabriel se dirige vers la rue de Boignard. Faut-il qu’il connaisse bien la ville ? Le soleil tape et cogne ; comment imaginer qu’on se promène à cette heure ? Sous le préau bien charpenté qui protège le lavoir, la fontaine s’écoule continûment pour alimenter le miroir d’eau. Il y a quelqu’un qui s’y reflète, qui s’y repose, profitant peut-être de la fraîcheur de l’ombre. Un vagabond probablement, occupé à contempler le cours des choses dans la glace à peine tremblante de l’eau.
« Ah, te voilà ! » lance le vagabond quand Gabriel Courtois entre dans l’enceinte du lavoir.
« Me voici. Bonjour Machin. »
Vous ne voudrez pas le croire mais c’est bien son nom : Séraphin Machin avait rendez-vous avec Gabriel Courtois. On va peut-être y voir plus clair dans cette histoire.
« Tu viens pour la livraison ?
« Franchement, Séraphin, qu’est-ce que tu foutrais là à m’attendre, et pourquoi viendrais-je te retrouver ici si ce n’est pas parce que tu as quelque chose qui m’intéresse ?
« Tu vas te calmer tout de suite, mon petit, ou je te casse la gueule. J’ai ce qu’il te faut et tu le sais, c’est Perruchot qui t’envoie et il y met le prix. Seulement, moi, je t’ai déjà vu te balader sans raison apparente, pas vrai ?
« C’est bien ça. Tu connais bien l’histoire. Mais montre-moi plutôt ce que tu dois me remettre. »
Machin fouille dans ses frusques – comment imaginer et comment croire qu’il ait la place pour y transporter ce qu’on le voit en sortir ? Voici un épais et vénérable volume in-quarto, relié en cuir brun et décati. C’est une édition de Virgile du XIXe siècle, l’édition annotée par Champollion, celle-là même qui a été dérobée dans la bibliothèque du château de… Vous ne voudriez tout de même pas qu’on vous dise où ? De toute façon, si vous ouvriez la page de garde, vous verriez bien le riche ex-libris, preuve du prestige des détenteurs du volume, qui augmente la valeur du texte et de sa typographie.
L’ouvrage est passé des mains de Séraphin à celles de Gabriel. Celui-ci en a caressé la reliure, a vérifié l’imprimatur et l’ex-libris, et l’a refermé.
« C’est une belle édition, dit Machin. Très peu de fautes, typographiée en Garamond.Un peu snob, cette fonte, mais c’est chic.
« Il y a autre chose, répond Gabriel.
« Flûte, t’es aussi au courant ? Perruchot suit bien ses affaires, décidément ! Il doit passer son temps à lire la chronique des cambriolages dans les journaux ! Pourtant, celui-là, c’était discret. Carrément devant les yeux de Mademoiselle ! Elle a pas dû encore s’en rendre compte ! »
Sort de ses hardes un autre livre : l’édition originale des Fleurs du Mal de Baudelaire, peut-être le volume même qui fut volé à l’étalage par Jean Genet et qui lui valût la prison. Dérobé, cette fois, et très habilement chez Mademoiselle … (on vous a déjà dit que vous ne saurez rien).
« C’est bien », dit Gabriel.
Mais il est quatre heures. Des femmes sortent des maisons du faubourg pour faire sécher le linge sur les fils tendus dans le pré, et les deux hommes se séparent après une poignée de main dans laquelle a transité l’argent de la précédente livraison.
L’un remonte à Alligny ; l’autre rentre en ville, avec sa sacoche alourdie, en passant par la ruelle des Terreaux. C’est dire s’il connaît vraiment la ville…

Le professeur de latin-grec continue par la rue du Marché – un type y achète un chapeau. Il rentre au Café de Paris et s’installe à la sixième table, à gauche le long du mur. Un monsieur l’y rejoint pour lui dire :
« C’était moi, ici. Y a de la place partout !
« Précisément. Je n’avais pas vu qu’il y eut votre nom sur la table », répond Gabriel en prenant ses affaires pour les translater à la table d’à côté.
Il est découragé, d’un coup, et boit un thé en se disant qu’il lui faudrait un jour ou l’autre arrêter ses entourloupes. C’est du moins ce que lui reprochait sa mère dans une phrase qui commençait par « Tu aurais dû » ou par « Tu devrais ». Il lui faut tout de même refiler la livraison. C’est ce type qui l’a fait culpabiliser pour l’histoire de la table. Et d’abord, pourquoi faudrait-il faire comme tout le monde ?

Le lendemain, c’est dans le salon de l’Hôtel de la Poste qu’on retrouve Gabriel Courtois, professeur de lettres classiques. Là encore, dans ce décor – et plus encore peut-être depuis qu’on sait ce qu’il trafique – son habillement paraît suspect : un T-shirt et un jeans trop moulant, assis sur les banquettes en cuir clair, au milieu de lampes perlées et des boiseries tendues de brocard au décor de fleurs et d’oiseaux. Vraiment, quel drôle d’oiseau fait Gabriel au milieu d’eux !
Il n’a pas plus belle humeur que la veille au soir. Et il se sent effectivement déplacé aujourd’hui.
« C’est étrange. Je dois vieillir. Les transactions se passent pourtant toujours comme ça. »
En effet, à chaque fois que Machin lui donne rendez-vous à Saulieu, c’est à l’Hôtel de la Poste, où il passe pour un voyageur de commerce (ce qu’il n’est pas loin d’être), que Gabriel dort jusqu’au lendemain, et que Perruchot vient récupérer ses paquets. Les frais sont à la charge de Monsieur Perruchot, libraire à Paris, qui aime particulièrement l’Armagnac servi dans l’établissement de Monsieur Vuillemin. Il a aussi l’excuse, pour ses voyages, de faire régulièrement des affaires avec un libraire à Arnay-le-Duc.
Perruchot arrive en début d’après-midi, et ils passent ensemble, le libraire et le professeur, dans la deuxième alcôve du petit salon, derrière le miroir de la première. Monsieur Vuillemin, qui est décidément charmant et connaît leurs habitudes, leur amène un muscat et un Armagnac.
Perruchot, lui, on ne peut dire qu’il soit charmant. Gabriel note le contraste quand il le voit déjà s’énerver avant d’avoir parlé.
« Bon, alors, tu les as, oui ou non ? »
Gabriel lui passe l’in-quarto et le Baudelaire. Il regarde les yeux de Perruchot qui défilent comme un écran de jackpot. Quatre cent cinquante pour le Baudelaire, bien plus pour le Virgile : voilà l’estimation du professeur pour la future et discrète vente de la librairie ancienne et moderne Perruchot.
Le libraire a l’air d’apprécier et de se calmer. Le professeur attend, les yeux dans le vague, et rêve de voyage… Berlin, Londres ? Et pourquoi pas le Japon ? Cela doit être l’influence des tentures aux fleurs et oiseaux, inspirées des estampes japonaises…
La radio passe un tube du moment qui chante : …et c’est tout un programme - dans un ciel artificiel… pendant que Perruchot compte trois billet de cent et les passe à Gabriel sous la table.
Le professeur pose son regard bien en face du libraire, se dit : « Pourquoi pas ? » et prononce :
« Il faut ajouter. Séraphin a pris des risques pour le Baudelaire, et vous vendrez le Virgile plus de trois fois ce que vous nous en donnez. Voyez-vous, Monsieur Perruchot, tout le monde vieillit, et il n’est pas sûr qu’aujourd’hui vous trouviez encore de petits brigands qui lisent le grec et le latin dans le texte, ou qui reconnaissent du premier coup d’œil la fonte qui a servi à typographier vos trésors… »
Le libraire manque de s’étouffer dans l’Armagnac et le sang lui monte au visage. Tout rouge, il reste pourtant calme dans sa colère et maugrée entre ses dents :
« Jeune petit con ! Je vais te casser ta binette de blanc-bec et tes lunettes de minable prof de lettres mortes !
« Essayez. Essayez, cher Monsieur Perruchot. Imaginez ce que cela donnera. Un dimanche à l’Hôtel de la Poste… Monsieur Vuillemin qui appellera la gendarmerie… À côté des ces hobereaux qui boivent leur café… Imaginez aussi ce que Séraphin et moi pourrions raconter… Vous vous souvenez de l’exemplaire du Mitsou de Balthus, de chez la comtesse de Rola ? C’est juste un exemple… Parmi tant d’autres… Et la bibliothèque de la comtesse de Wignacourt ? C’était juste à côté, n’est-il pas vrai ? Ajoutez donc deux billets, Monsieur Perruchot, ce n’est pas cher payé pour ce qu’on fait pour vos affaires… »
Les deux billets sortent, s’ajoutent à ceux qui sont déjà sortis et passent dans la main de Gabriel qui empoigne sa sacoche et s’empresse de quitter l’établissement. Une fois n’est pas coutume, il n’aura pas salué Monsieur Vuillemin, qui est décidément charmant.

Une fois dehors, le professeur retrouve ses rêves de voyage… Et l’Argentine ? Buenos Aires ? Le tango et le métissage qui doivent donner bien de la beauté aux gens… Oui, pourquoi pas ? On dit qu’il y a beaucoup de francophiles en Argentine ; peut-être qu’il pourrait donner quelques cours…
Mais le temps semble se gâter et ce n’est pas avec les cinq cents euros qu’il doit partager avec Séraphin lors du prochain rendez-vous qu’il paierait ne serait-ce que son aller à Buenos Aires…
Pour l’instant, il est possible qu’il prenne la pluie en allant à la gare, où il pourra s’abriter sur l’exèdre sous l’auvent. Il est très en avance, c’est sûr, pour le 18h30 du dimanche, mais il a un livre de poche dans sa sacoche…
En descendant l’avenue, il prend le temps de regarder les jardins où la rhubarbe profite, les petits pavillons et les maisons bourgeoises.
Il est 16 heures pile quand il arrive à la gare. Gabriel Courtois, professeur de latin-grec, est en avance et s’installe sur le banc. Il sort son bouquin – un livre de poche en soldes soldés. Il ne pleut pas encore.
Deux garçons jouent au rugby dans un jardin adjacent au quai.

Cette nouvelle a été écrite lors de l'atelier d'écriture de Saulieu.