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lundi 17 février 2025

Comment se remettre à écrire ?

 Comment se remettre à écrire ?

C'est la question depuis un certain temps, déjà, et je ne trouve pas encore de réponse.

Mais il sera prévu, dans les jours qui viennent, deux heures par jour consigné à une table avec un stylo devant une feuille de papier.

 Comment se remet-on à écrire ? En écrivant.

dimanche 22 mars 2020

6ème jour de confinement (dimanche 22 mars 2020)



6ème jour de confinement (dimanche 22 mars 2020)
Levé tard, je m’habille et je sors acheter du pain. Je discute avec C. et J. qui font la queue devant chez le boucher, le petit J. est charmant. Petit-déjeuner. Je redescends acheter des cigarettes. Les discussions avec les gens croisés sont désabusées, floues, dans l’expectative… J’appelle S. mais il fait son footing. J’appelle Tatie MP, on discute une demi-heure. Mais je sens que ce que je raconte est un peu déprimant. J’éteins mon téléphone portable, ce sera une journée sans – ou du moins je vais essayer. Je bois un café à la fleur d’oranger, fume une cigarette. Je sens que la journée va être longue, je me sens un peu triste, un peu seul. Le silence est plus grand aujourd’hui dimanche, je reste dans ce silence, et je regarde les nouvelles sur Internet…
Depuis le 24 janvier 2020, la France compte 14 459 cas de Coronavirus COVID-19 et 562 personnes sont décédées depuis le début de l'épidémie. Nous en sommes à 311 988 cas confirmés dans le monde (22 mars 2020, à 13h00), 13 407 décès et les 93 790 guérisons. Pour rappel, le paludisme avait fait 584 000 victimes dans le monde en 2013, dont une majorité d’enfants en bas âge ; la moyenne annuelle semble être de 429 000 décès de la malaria par an. Quant au Sida, il fait encore 940 000 victimes en 2017 dans le monde.
Je continue l’écoute de l’émission Le Feu, la Rage, l’Orage, qui est vraiment très bien. Je mets une cloche (une « cloche de conscience / mindfull bell » https://awakeningbell.org/), je ne sais pas pourquoi mais elle me soutiendra spirituellement une partie de l’après-midi.
J’ai sur le fauteuil l’exemplaire prêté par K. : « Writing the real », a bilingual anthology of contemporary French Poetry, édité par Nina Parish et Emma Wagstaff. Je me dis qu’il faudra m’y plonger, qu’écrire le réel reste un enjeu aujourd’hui, que le réel opaque demeure une énigme.
Je réponds à quelques mails. Je continue d’écouter Radio Pikez, notamment le journal de confinement d’Adèle.
C’est ce temps étiré, sans urgence comme sans priorité, qui est très impressionnant. Ce n’est même pas le temps de la maladie ou de la convalescence, où la priorité du moins est de soigner le corps et d’aller mieux, où tout le temps est concentré à ça : la guérison. Mais là, maintenant, il n’y a même pas cette perspective. Sans but et sans objectif autre que l’objectif collectif.
Après je remets Let’s have a kiki. Plusieurs fois. Pour essayer de choper des trucs de la chorégraphie.
Je me remets à lire Les Âmes fortes de Giono. C’est plaisant à lire. Les tourterelles et les moineaux posés dans les branches au-dessus du poulailler mon font un spectacle : ils vont et viennent dans la cabane pour picorer de quoi manger. Je repense au Cavalier Noir. Je reprends le fichier, retrouve le cahier de notes, et me remets à y travailler. Dans les recherches, je tombe sur la photographe Vivian Maier. Internet. Je découvre ça aussi : Pascal Gillet et ses chansons, et sur cette Chronique dakaroise (Paroles de confinement). Goûter vers 16h30, thé. Le découragement et la tristesse se sont estompés, j’ai mis du temps à laisser la place au silence et à accorder mon intérieur au contexte.
J’en suis épuisé et je vais faire une sieste. Réveil à 19h30. Textos (de F., Ak, CJ, Ad), message de S. Internet. Photographie de Vivian Maier, fanfare jazz de MEUTE… Dîner.
Un vrai dimanche.



Vivian Maier, photographe

MEUTE, You & me

Confinement JOUR 5, samedi 21 mars 2020

A voir et écouter :
La Tendresse, Bourvil





 
5ème jour de confinement (samedi 21 mars 2020)
Journée paresseuse. Lever vers 9h15. Petit-déjeuner, café dans la tasse andalouse avec sa sous-tasse, short-débardeur, vaisselle, discussion avec quelques personnes qui font la queue pour le boucher. Messages, courrier et téléphone (Tatie MG). Suis sorti vider le tri, le sac rose était plein ; j’ai lu les nouvelles au kiosque. Le sac rose une fois vidé, j’ai appelé M. depuis le trottoir et nous avons papoté. F. prépare une boum sur Radio Canut, pour ce soir. Paresseux et  découragé (tout paraît vain), je ne sais pas si je serai motivé pour envoyer du son. Je le fais quand même, avec une riche idée : j’ai le fichier de Let’s have a kiki des Scissor Sisters. Je bronze devant ma fenêtre mais il fait plus frais qu’hier, presque froid. Des charpentiers travaillent un peu plus haut. A 16h00 ou un peu avant, il y a eu un appel d’air dans la plomberie et l’évier a fait un long soupir de monstre marin. Je finis par réussir à profiter de le rien faire. Avant de me rhabiller !
Tea time un peu tôt : thé noir anglais, tartines de fourme d’Ambert et de mimolette, madeleines, cigarette. Le soleil, à 17h, passe derrière les cèdres ; trois tourterelles sont postées au-dessus du poulailler ; les ânesses du pré sont tranquilles. J’écoute la première partie de dernière émission de radio Le feu, la rage, l’orage, très intéressante.
Radio Canut. Douche. Je me lave les cheveux, je mets des barrettes et je m’habille bien pour la boum, j’envoie des textos et des mails en buvant une vodka orange. C’est marrant. J’adore la musique. Les potes me font des blagues. Je cuisine des pâtes aux petits pois, crème soja et poivre. Deuxième vodka. Textos. Musique. Dîner. Troisième vodka. Danse. Je kiffe la musique. Clope. Pétard. Textos. Musique. Dodo. Un vrai samedi soir.


Bon courage à toutes et tous.

jeudi 26 juillet 2018

Sans titre


Je pense à toi (tu me proposais hier dans un message "qu'on s'attrape")
Je te laisse un message (tu réponds rarement au téléphone)
c'est "dans la longue étendue d'été"
(c'est ainsi que Karen et moi l'avons traduit de Gale Burns)
Et hier en effet le ciel bleu était immense
et l'été s'étirait immobile et silencieux, éternel (pour moi : heureux qu'il en soit ainsi)
J'ai beau savoir où tu es
je te cherche
Tu n'est pas là
et je ne sais pas


 

samedi 21 mars 2015

-sans- (titre)




le printemps fera son office
(on l'espère)



samedi 14 mars 2015

India Song, ou comment changent les visages




India Song est un chef-d’œuvre de Marguerite Duras. Autant qu’un film : un roman – ou une pièce. India Song est un film qu’on peut regarder comme on lit un roman : on ne lit pas un roman en une seule fois. Rarement. Parfois, on s’y ennuie. On fait autre chose et on revient à la lecture d’un roman. On suit les personnages. Ils vivent devant vous.
J’ai séduit mon dernier amant, je crois, entre autre parce que je lui ai parlé des rapports que je fais entre la vie et la fiction, entre la littérature et la réalité. Jean-François Billeter fait la différence entre la réalité et le monde, entre la réalité et les mondes qu’on peut en faire, qu’on peut inventer et créer. La littérature et le cinéma font partie de ces mondes personnels, qui donnent forme à la réalité indistincte. India Song est dans ce rapport-là que je fais moi aussi, entre la réalité et le monde : c’est un monde, un film, un texte, et la fiction des personnages (Anne-Marie Stretter, Michael Richardson, le Vice-Consul de France à Lahore), mais c’est aussi la réalité et la vie des comédiens, celle de Delphine Seyrig en 1975. La beauté maigre et électrique de Claude Mann et celle, une beauté un peu silencieuse, de Delphine Seyrig, figurant Anne-Marie Stretter : cette réalité indistincte, contingente, révolue. India Song propose un monde très beau, autour de l’Ambassade de France à Calcutta où l’ennui et le désir travaillent chacun, où la grâce d’Anne-Marie Stretter côtoie l’horreur de la misère et de la lèpre.


Delphine Seyrig (1975) par francomac

    
Delphine Seyrig
L’avantage d’un monde fictif, c’est qu’il est clos. Dans la réalité je suis perdu : que peut-on inventer, dans la vie, avec les personnages de la réalité qui vivent devant nous ? Ah, ce sont autant de romans qu’il faut suivre ! Autant de personnages qu’on peut jouer devant les autres, autant de vies possibles face à eux, pour eux ! Quelles sont les règles dans ce grand jeu ? Il semble que tout soit possible, et en même temps, c’est impossible.
Le vent est le bruit essentiel du monde. C’est peut-être une simplification.
Qui a raison en vérité ? Marguerite Duras fait une proposition parlée, dialoguée et imagée sans que rien soit synchrone dans un film qu’on pourrait résumer dans cette phrase qu’elle dit :
« Et pourtant, tout le monde attend quelque chose comme ça, les Indes. »
A ces mots qu’elle dit, je fais tomber une boîte de perles. Et voilà qui en est fait : me voici à jouer à les ramasser seul devant tout le monde. Voilà tout ce que je trouve à inventer, à créer : me retrouver seul à ramasser des perles ou des petits cailloux.

Heureusement on peut, avec India Song, écouter le roman dialogué, le texte, puis y revenir pour y voir les images magnifiques : le long hall où marchent Anne-Marie Stretter, l’attaché autrichien (pourquoi n’en faudrait-il qu’un seul ?), Michael Richardson et Georges Crawn, puis le Vice-Consul de France à Lahore. Ou l’image où Madame Stretter est allongée, entourée du jeune attaché d’ambassade, de Michael Richardson et Georges Crawn, en présence du  jeune invité – le tableau sur lequel la lumière change, comme celle du jour, puis du théâtre.

Photobucket
India Song


Le visage silencieux de Delphine Seyrig est somptueusement photogénique ; Mickaël Lonsdale, le Vice-Consul de Lahore, erre et disparaît, sombre ; les jeunes gens se promènent (Claude Mann, maigre, somptueux et obscur ; le lumineux Mathieu Carrière ; Didier Flamand – ils ont ce quelque chose d’électrique des comédiens de ces années-là ; le plus vieux Vernon Dobtcheff – Georges Crawn - a grande distinction) dans le désir, l’ennui et la nervosité – c’est une histoire de passion, donc de mort, représentée par le désir, l’ennui, la misère et le danger.






Marguerite Duras dans les années 70 : le visage de l'auteur


M.D. a 61 ans quand elle réalise India Song. Quand on la voit dans les entretiens de ces années- là (1975), on ne le dirait pas. Finalement on ne connait Marguerite Duras que très jeune (avant l’écriture) sur des photos où elle semble avoir toujours 15 ans, puis à travers son visage d’après, le visage de l’écrivain (à 61 ans elle a le même âge qu’à 36, juste après la guerre, quand elle publie Un Barrage contre le Pacifique), et puis ensuite, très vieille, dans les années 80. C’est comme si elle n’avait eu que trois visages, ou que sa vie se résumât à ces trois-là.






A 35 ans, j’ai l’impression d’entrer dans mon troisième visage (en espérant qu’il n’y en ait pas que trois !). Après le visage d’enfant, jusqu’à 13 ou 15 ans, j’avais vieilli d’un coup et pris une forme asymétrique. Et j’étais encore dans cet après il n’y a pas si longtemps. Mais c'était avant. Maintenant, il semble que ce qui se passe soit irrémédiable aussi, et qu’il faudra  m’y faire. Aujourd’hui, c’est comme si il y avait eu un avant, et que dorénavant ce sera après.