samedi 27 décembre 2008

Listes

Faire des listes pour lister ce que j'ai peur d'oublier de faire (aller rendre visite aux Editions de la Fabrique, et à Le Temps qu'il fait, lire Rachid O. et Abdellah Taia) mais que je ne ferai peut-être jamais, faire des listes pour oublier ce que j'y note et ce que je dois faire (lire Mauriac), faire des listes pour faire semblant de croire que le temps ne passe pas, faire des listes surtout pour la liste elle-même et pour m'amuser de ce qui s'y trouve rapproché :

- penser à étendre la lessive.
- dimanche 17h thé chez Ernest et Sonia.
- thé, vin, maïs, céleri, pot-au-feu ?
- croisé P.E. aujourd'hui, par hasard. Mais quel heureux hasard.
- refuser de voir S.
- appeler le proprio.
- écrire un pastiche de Mitsou / s'inspirer du Manuel de la vie parisienne
- Chercher : loisible
> permis. Il vous est loisible de partir quand vous voudrez.
adamantin (Adam pleurant les Lamantins ?) > qui a la dureté et l'éclat du diamant
- écrire un roman années 50.

- bar Le Tolédé fermé de 14 à 16h.
- 148 / 17h18.
- appeler A. pour Paris.
- le jeune homme timide et sanglant

jeudi 25 décembre 2008

Heriberto Aguirre, photographe


Dans la série Sud, le regard de Heriberto Aguirre joue encore une fois avec les apparences, et nos propres idées reçues...




Une image de la série Esperando, du photographe mexicain Heriberto Aguirre Astorga. "En attente" ou "en espérance", les modèles intéressent le photographe en tant qu'individus au moins autant qu'en tant qu'image, falsifiable, représentative et politique.

J'aimerais pouvoir écrire plus et mieux sur le travail de cet ami, mais chaque fois, mon rapport à la photographie me limite : puis-je parler à la place d'un photographe dont je me suis approprié une image ? Oui, si on part du principe qu'il est au moins aussi menteur que l'écrivain. Non, ou bien il faudra en assumer le silence glacial, voire la douleur, me raconte mon expérience personnelle avec les photographes...

lundi 22 décembre 2008

Bibliographie panique

Habiter au bord de la panique # 2

Publication collective du collectif provisoire & Ici-Même (Grenoble), suite à l'évènement Habiter au bord de la panique # 2, Décembre 2008
Magazine 24 X 32 cm, 62 pages, N & B, comportant un CD audio
Commande via Ici-Même [Gr]

mardi 11 novembre 2008

Chef d'oeuvre

Personne ne comprend ce que je fais.
Moi non plus, mais je sais que c'est un chef d'oeuvre.

10 ans : assassinat du journaliste Norbert Zongo



signer la pétition

mercredi 8 octobre 2008

Bibliographie - 5

Instantanés
D'Alexis Garandeau
Livret 16 pages, couverture quadri sur Rives tradition, 4 euros (prix public) à paraître le 9 octobre 2008, aux éditions La Pierre qui Roule, est disponible au Square-Librairie de l'Université à Grenoble (rayon photographie), après avoir été en consultation à l'Hypermédiathèque "Habiter au bord de la panique", au Théâtre 145 à Grenoble.
Il peut être commandé à l'adresse suivante : lapierre.quiroule@yahoo.fr
ou dans votre librairie préférée (ISBN : 978-2-9533211-0-4)

Il est aussi disponible à la vente à la Librairie Bonnes Nouvelles, rue Dominique-Villars à Grenoble, ainsi quà la Librairie du Magasin-Centre National d'Art Contemporain de Grenoble.




HABITER AU BORD DE LA PANIQUE

Je participe à "Habiter au bord de la panique", cet évènement organisé à Grenoble par Ici Même et le collectif provisoire :

La panique peut-elle être un sentiment diffus, comme si le sol bougeait sous nos pieds ? Ne sommes-nous pas astreints à être perpétuellement mobiles, confrontés à un « nomadisme » et une précarité durables ? Parfois, il est urgent de savoir s’arrêter, de choisir le rythme de la marche. À l’heure de la « société du risque » nous sommes sommés – en tant qu’artistes – de définir et d’assurer à tout moment un « retour sur investissement ». Nous avons pourtant décidé d’ignorer les formatages du spectacle et de réunir ce collectif pour un processus plutôt qu’une forme, un champ d’expériences comprenant l’indéterminé et l’improvisation comme outils. Ces expériences inviteront à modifier notre perception de l’environnement, nos schémas de représentation, au risque de la perte des repères.

Ceci n’est pas un festival, mais au moins un « moment de visibilité ». Durant six jours, donner à voir des expériences d’artistes, d’architectes, d’écrivains, de musiciens, de danseurs... Croiser des trajectoires urbaines, dont certaines ont commencé il y a longtemps, ailleurs, dont beaucoup se prolongeront encore, après...

Habiter au bord de la panique #2 convoque la ville, le quotidien, les usages et relations sociales comme terrain d’expériences indisciplinées, inquiètes, brouillées.

Voir le site d'Ici Même Grenoble


Je participe, entre autre, à l'action proposée par louise catherine drève : Reprendre le fil. J'en reparlerai.

Juste une restitution, comme ça, en espérant que cela soit une restitution juste :

Habiter au bord de la panique, c’est habiter au coeur de la vie. Je me rends compte grâce à vous que cela fait dix ans que pour moi j’habite dans la panique, et que cela se gère, dans l’urgence certes mais cela se gère, et que c’est surtout les autres que cela panique. Cela les panique parce que peut-être ils se demandent comment je fais, comment je gèrerais ça, eux, comment ils pourraient ne pas gérer, comment les fait que je vive tout ça les panique dans leur vie à aux bien rangées et tranquilles.

Je ne sais pas si je peux vous initier à la panique. Je crois que je ne veux pas. Je crois que la panique, on la vit directement mais l’apprendre c’est impossible je ne sais pas.

dimanche 5 octobre 2008

Évocation proustienne

Cet après-midi d’octobre, au soleil bien chauffant et au parfum d’herbe coupée dans le parc, donne un moment la sensation des premiers jours de printemps, où la douceur solaire est telle qu’on peut se découvrir pour y goûter un plaisir de renaissance, alors même que la réalité de l’automne devrait nous obliger à rentrer en soi et préparer effectivement des jours meilleurs.
Mais cette journée d’octobre au masque printanier est très vite obscurcie par un gros nuage gris pommelé, dont la beauté dans un ciel violet finit en tempête pluvieuse et glacée.
Car, en effet, nombreuses dans la vie sont les apparences trompeuses, les espoirs effondrés, les vaines joies bientôt sabrées par un coup de gel précoce.
Ainsi, alors que je croyais travailler à un projet de livre, et dans l’espérance de voir bientôt publié cet ouvrage, très beau, auquel j’aurais collaboré, je ne voyais pas – pas plus que je ne le comprends encore aujourd’hui – le lent mais sûr obscurcissement de la lumière, cet
entre chien et loup que je continue de vivre et qui fait peut-être déjà partie de ce texte crépusculaire, que d’aucun juge sulfureux, et cramoisi comme un rideau de maison close.

mardi 23 septembre 2008

Bibliographie - 4

Un Vampire derrière l'accoudoir
Recueil collectif de textes suite à l'atelier Un léger écart, édition Un léger écart, septembre 2008

jeudi 18 septembre 2008

Leçon de ténèbres


C'est de circonstance, j'imagine, ou de saison. Je lis ou relis ces littéraires leçons de ténèbres que sont Cet amour-là, de Yann Andréa et Albertine disparue, et je me rends compte rétrospectivement que mes Poèmes en tous sens sont, bien modestement, de cet ordre-là.
Septembre nous surprend d'un vent glacial, bien que nous nous régalions de girolles encore, et de mûres, en travaillant, le photographe Olivier Pique et moi, sur le livre Entre Chien et Loup.
Je me sens dans un grand silence d'écriture. Et ce qu'on me demande de faire de mes mots m'est bien douloureux. Ce désert, cependant, doit m'être nécessaire, et je le veux vivre et surmonter.

Mais j'ai peur de cet automne - le vent du dehors est si piquant déjà ! - et de l'hiver qui va suivre, qu'on annonce sec et froid... J'en ai supporté d'autres, avant, mais en voilà trois que j'ai passé dans le vent d'Harmattan en mangeant des papayes...
Accordez moi le silence. Je fais ma leçon de ténèbres.

vendredi 5 septembre 2008

Bibliographie - 3



Poèmes en tous sens
Un feuillet simplement plié in-octavo, publié en trois exemplaires (collections particulières), 2008

La Pierre qui roule


Le nom de ce blog vient d'un projet, déjà ancien, de maison d'édition : les éditions La Pierre qui roule.

Pour cette maison plus ou moins fictive (plus ou moins car elle éditera effectivement le petit opuscule Instantanés cet automne), j'avais imaginé la collection Impromptus, qui rassemblerait de modestes volumes d'écrits poétiques...

Impromptus





jeudi 4 septembre 2008

Jaisalmer



Mes empreintes ont été recouvertes par du sable, mais je sais que je suis allé à Jaisalmer.
Je suis allé à Jaisalmer, dans cette ville fortifiée, construite sur du sable, en plein désert.


J’ai vu l’horizon immense, la totalité de la voûte céleste, la lumière dense qui vient de partout et qui se module inlassablement autour de Jaisalmer.
J’ai marché hors de la forteresse dans le désert et j’ai senti le silence dans son essence sur le sable malgré le vent qui sifflait.
Et j’ai commis le sacrilège d’entrer dans l’enceinte sacrée, et j’ai vu les empreintes de Mahavira. Preuve de son passage, de son invisibilité, pourtant de l’évidence de sa présence.


J’ai passé trois jours à Jaisalmer. Je n’ai rien vu de Jaisalmer.
Mais je sais que Jaisalmer est le centre du monde.


Et j’ai vu ma vie défiler à Jaisalmer, et je sais que Jaisalmer est à la frontière du temps.

mardi 2 septembre 2008

Fin d'Echelle 5 à 7 au Brise Glace

J'ai habité le lieu, modestement, pendant cinq mois, dans le cadre des résidences échelle 5 à 7. Il m'a habité, d'abord, comme une absence, quand je suis arrivé en mars, qu'il y faisait encore froid et qu'il m'a fallu m'accoutumer à l'allumage du poêle dans l'appartement où j'avais ma chambre-bureau.
Ce Brise Glace, énorme bâtiment oblong profilé sur la rue tel un bateau vitré, m'a d'abord paru comme un magnifique mausolée glacial où la figure principale était absente. Et puis, un rythme de travail et de découvertes s'est instauré, expérience que j'ai dégusté avec délectation.
Petit à petit, ce navire qui me désorientait m'est devenu un refuge, loin des fureurs du monde, où j'ai pu protéger ma pépinière de mots. De là, je partais aux bibliothèques, aux expositions, au café. Dans leur serre, loin du vent du dehors, les mots ramenés ont prospéré, les phrases se sont construites et les idées éclaircies. Ce fut un asile, dans une solitude intermittente qui m'était nécessaire.
Sans ce temps et cet espace, les Instantanés n'auraient pu être imaginés, et tout un travail de sédimentation et de maturation n'aurait pu s'accumuler dans cet humus d'où reprendra une écriture plus finale...
Et le lieu, dans son étrange absence, s'est imposé à moi : l'odeur de térébenthine des ateliers de E. et de J., le bruit des talons de M.C., l'adrénaline dans l'escalier noir, les discussions avec Louise Catherine Drève ou S., la prudence parfois voire la suspicion, parfois même le dégoût du lieu et la fuite de ses habitants.
Parfois, il y a une fête sur le toit ; le bâtiment désolé de son second déclin vibre et tremble comme un vieux homme à un mariage...
Hier j'ai rangé ma chambre-bureau, claire et blanche, n'y laissant que des cailloux de Petit Poucet, et j'ai quitté le Brise Glace.

Bibliographie - 2

Lettres d'un jeune peintre exilé
Nouvelle épistolaire, inédite, 2003
Poème en prose, composé en 2002, paru dans Sogni (n° 2, 2004)
L'Etrangère
Poème paru dans la revue des Adex, 2005

vendredi 29 août 2008

Bibliographie - 1

Réminiscence et autres courtes nouvelles
Nnouvelles de jeunesse, inédites, 1998-2000
Valentin Angelo Frascolla Simon
Nouvelle inédite, 2000-2004
Un jour des haïkus selon le temps qu'il fait
Carnet de poèmes courts, exemplaire unique de format triangulaire, 2002
Des choses et d'autres, objets de curiosité
Recueils de poèmes en prose, exemplaire unique de format presque carré, cartonné, façon carnet japonais (reliure en zig-zag), 2002





lundi 25 août 2008

Phonolite


Voici la jaquette que j'ai créée pour le groupe de jazz ethnique Phonolite, sur une très belle photographie de Bérangère Haëgy.

Phonolite (guitare, basse, percussions et saxophone) compose et propose une musique aux multiples inspirations : jazz, rock, afro-beat avec des évocations de voyages... tantôt en Afrique, tantôt en Orient.
Les rythmes sont variés, syncopés voire déstructurés. Et les membres sont tout simplement adorables...

jeudi 21 août 2008

Vacances

Étrange et rageant de voir que mon rythme de travail correspond plus ou moins au rythme officiel de la société, et que je suis, moi aussi, plus ou moins en vacances au mois d'août !

Plus ou moins, en effet, car je termine ma résidence d'écriture au Brise Glace et suis en train de finaliser les Instantanés, que j'espère imprimer en septembre... Ce sera un petit livret de photographies écrites, et seulement écrites : les images, en tant que telles, n'existent pas, ou dans ma tête seulement, mais ce sont des images réelles, qui ont existé. J'en reparlerai.

Je continue aussi les Palimpsestes, et vous en livrerai quelques images bientôt.

Une nouvelle idée de livre est en train d'émerger, qui serait a priori un roman de forme plus traditionnelle que mes précédents petits textes, dans une forme proche du Nouveau Roman ; c'est fou, c'est jouissif et flippant...

vendredi 25 juillet 2008

Entre Chien et Loup

C'est sur la série de photographies Entre Chien et loup que j'ai travaillé (et que je travaille encore) à un texte du même nom. Une idée de livre nous tient à coeur, le photographe et moi, et reste un projet d'actualité. Nous y travaillerons en septembre dans l'espoir de le publier avant Noël. Voici un extrait :

"
Regarde la fin du jour : la lumière s'obscurcit, mais la nuit ne vient toujours pas.
Le jour tombe. La nuit tombe.
Lequel des deux tombe, en effet ?
Le quel des deux tombe en premier ? Pourtant la nuit ne vient pas. Elle ne vient jamais, d'ailleurs : la nuit surgit. Et avant qu'elle ne surgisse : la ville flotte, la campagne respire.
Dans le clair obscur de l'heure silencieuse (Petr Kral), tout ce qui était enfoui sous la clameur du jour remonte à la surface.
Lumière incertaine. Entre deux, jour-nuit. Pause. Entre les deux se faufilent l'anxiété et ses questions.
Rien de tragique : pas d'effroi, ni d'angoisse. Seulement un doute : et demain ?
Pourquoi cette feuille
Ni plus jaune ni plus verte que les autres
Est-elle tombée de l'arbre ?
Abdellatif Laâbi

Une attente au bord de soir soi-même, un doute vaguement disloquant.
De petites questions entêtantes. Et demain ?
Demain pour moi sera-t-il vivant ?
"

jeudi 17 juillet 2008

Citation

Je me demande si écrire, ce n'est pas approcher lentement.

André Dhôtel

mercredi 16 juillet 2008

Reflet

Réveillé par le lever du soleil ce matin, j'étais donc sur mon vélo à 6h30 à la recherche d'un café ouvert en ville. Grenoble se lève tard ; il est vrai que le soleil y entre assez tard aussi. ce n'est donc que vers la halle que j'ai trouvé une terrasse m'accueillant à bras ouverts ; vous me direz que c'est assez logique. Et, une fois installé devant un café double et un pain au chocolat, je m'amusai à regarder les reflets dans les tramways qui passent entre le bistro et le marché.
Impossible de repérer mon propre reflet !
Il a fallu que des messieurs de la halle s'asseyent à la table d'à côté pour le faire exister...

lundi 14 juillet 2008

Logo Kinoa


Voici le logo choisi par Kinoa, entreprise d'import-export de produits bio à Hong Kong, entre plusieurs de mes propositions. L'idée était de traduire, par des couleurs actuelles et par l'idée d'une graine germée, le souci écologique de cette entreprise.
Pour tout savoir sur Kinoa Shop, cliquez ici.

jeudi 10 juillet 2008

Un léger écart

Lors de l'atelier d'écriture Un léger écart

Poème fondu

A partir d'un poème, écrire un poème "fondu" (qui utilise uniquement le matériau du texte de départ, mais pour écrire un texte bien plus court).

A partir de Le Crépuscule du matin, Charles Baudelaire


Le vent tord lentement l’aurore déserte.

C’était l’heure où le sombre vieillard soufflait sur les lanternes rouges, essaim en sang.

C’était l’heure où les bruns adolescents, maigres et stupides, commençaient à fumer sous le poids de rêves de femmes de plaisir, en robe rose et verte, qui s’enfuient.

Dans les cours des casernes, s’aggravent les débauchés écumeux traînant, las, leurs travaux inégaux.

Comme la bouche ouverte qui palpite, les bruns adolescents, la paupière livide, soufflaient sous le poids du corps qui se tord, brisés par leurs travaux, un dernier râle.

Une tache sur l’oreiller.

mercredi 9 juillet 2008

Hervé Guibert

Extraits du Mausolée des amants - Journal 1976-1991

Je n'ai plus cette hantise de ne plus pouvoir écrire, car je m'aperçois que, depuis presque dix ans, je ne fais qu'écrire ; et les périodes sans écriture ne sont pas moins fertiles, pour l'écriture, que les périodes d'écriture.

(...) Ainsi moi-même (sans me comparer à Goethe ou à Kafka), mais en qualité d'écrivant, d'homme relativement dévoué à l'écriture, je pourrais imaginer que ce que j'ai pu faire de cette écriture, tant bien que mal, sera un jour assimilé par un autre corps favorable, qui l'apportera plus loin (je suis par avance amoureux de ce corps-là), il y aurait dans l'écriture un fantasme d'insémination, d'enfantement : mettre vingt ans après sa mort, un siècle après sa mort, un fantasme d'écriture dans un corps étranger.

Ecrire avec des mots purs.

" Quand écrivez-vous ?
- Pas tout le temps.
- Alors vous n'êtes pas écrivain ?
- Je suis écrivain comme l'animal venimeux pique de temps à autre, quand on le provoque, quand on lui marche dessus, quand on l'attire. Le venin peut être un suc amoureux."

La fin du livre que je m'apprête à détruire : " Moi qui avais toujours cru, à la fin de chaque livre écrit, que ce serait le dernier, qu'il ne pourrait plus y en avoir ensuite, je compris que j'avais davantage de livres devant moi que derrière moi, même si ce n'était plus moi qui les écrirais, que j'étais à peine rendu au milieu de mon parcours, même si c'était un autre qui les poursuivait."

(Vivre avec un livre, même quand on ne l'écrit pas, est tout à fait merveilleux.)




Exercice (2)

Lors de l'atelier d'écriture Un léger écart

Reconstruction : à partir de fragments romanesques récoltés, construire un texte cohérent.

Je l’ai prise par le coude pour la guider vers le canapé. Elle a brandi son carnet et j’ai vu qu’il ne lui restait que quelques pages. cela avait l’air d’être important pour elle, et elle était contente. Je lui ai souri. Mais je ne lui ai rien dit, et elle ne m’a rien demandé. Elle ne me demandait jamais rien.
D’autant que je n’avais pas assisté à la présentation du carnet, c’est Pauline, Olivier et Lucas qui me l’ont raconté, après coup. Moi, très vite, comme d’habitude, j’en avais eu marre de cette fête et de son vacarme. Je m’étais éloigné discrètement, en prenant la petite route des éoliennes, puis un chemin à droite dans les bois. Je savais, bien sûr, qu’ils allaient me rejoindre. C’est Lucas qui est arrivé d’abord vers le pont où j’attendais. Puis Olivier. Pauline est venue ensuite, s’annonçant par un :
« ça glisse ? »
Aucun de nous n’avait répondu. C’était ce soir-là où le carnet a été commencé, ou en tous cas, où il est apparu.
C’est bizarre, d’ailleurs, j’ai retrouvé une lettre que je lui avais écrite, à elle, avant qu’elle ne commence son carnet. Je lui disais :
Je me souviens. Vous passiez vos journées à de petits travaux : balayer la maison, transporter du charbon, coller du papier aux fenêtres, faire des petits rangements, réparer avec des clous des tables et des chaises. J’aurais dû vous aider dans ces tâches, d’autant que j’étais bon bricoleur. Mais vous ne me demandiez jamais rien.
Cette lettre n’est jamais partie. Quant au carnet… J’y pense parfois. J’y pense aujourd’hui, alors qu’il fait soleil dans mon jardin. Jardin sans bruit au moment où je m’assieds, sensation prenante de solitude heureuse. Jardin d’oiseaux silencieux qui passent, se posent et s’envolent autour de moi. Jardin de fleurs silencieuses qui parlent par la couleur, les formes et leurs réponses changeantes aux souffles du vent.
Elle aussi aimait le soleil. Non, elle était le soleil, celui de cette parole qui débusquait le monde dans ses moindres détails et nous le servait chaud…
Quand elle mourut, nous ne savions rien.
Chacun de nous quatre, à sa pauvre manière, s’efforça dans sa vie, de continue à ne pas savoir.

lundi 7 juillet 2008

Exercice d'écriture

Lors de l'atelier d'écriture Un léger écart
Exercice : avec une phrase d'incipit donnée, écrire sur une contrainte tirée au sort.
En l'occurrence, la contrainte tirée au sort était : Écrire avec des rimes en U

Je croyais qu'il faisait encore nuit, moi qui connaissait pourtant par coeur le bonheur de sortir la nuit ; l'urgence de lever les voiles dégoûtantes des peurs bleues, des peurs sombrement bleues.
Apparemment le temps n'était plus :
Sans que je m'en aperçoive, le soleil avait paru
Et illuminait, glorieux, le paysage givré et nu.
Plus moyen de sortir sous la Lune ventrue,
Pour ôter les voiles du petit chemin chenu...
Espérons que, malgré mon retard malvenu,
Aucune des peurs sombres et bleues ne soit vue
D'un promeneur, égaré et perdu,
Qui, brusquement hagard, éperdu,
Croirait fermement avoir la berlue
Et pourrait chuter dans le ravin pentu.
Un accident fatal qui me ferait manger tout cru
Par le patron qui me jetterait à la rue !
C'est vrai que ce poste, je m'y suis plu.
Mais, débarrassé de ce patron dodu,
Je partirais, à l'aventure, sur des terres inconnues,
Et au gré de folles navigations à vue,
Observer dahus et tortues.
Ah si j'étais parti, je serais pas prêt d'être revenu !

Difficile est l'art de la parole

vendredi 27 juin 2008

Palimpsestes


J’expérimente, sur tissu, des formes de palimpsestes, sortes de «mises en page » de superposition de mots, écrits au crayon, au feutre, et brodés.
Et la broderie demande une temporalité bien différente de l’écriture, puisque le mot est écrit pour être brodé. Le trait du crayon ou le contour de la lettre seront rehaussés d’un point de fil.
Le geste de broder et le temps que cela induit permettent de se libérer des contingences, d’apaiser les tensions, de prendre patience, de laisser libre cours à ses pensées. Sur le quotidien. Sur la vie. Sur les mots que je brode.
Ce travail d’aiguille me conduit à une réflexion sur les femmes, puisque cette activité leur est traditionnellement dévolue. Il me plaît de prendre le contre pied de ce préjugé, de revendiquer mon droit à coudre et broder (comme un acte politique ?). En tous cas j’ai l’impression, bien modeste, de montrer du doigt certaines questions sexistes. Je me demande parfois si la défense de ces activités aux hommes ne tient pas à l’espace de liberté et de créativité qu’y trouvent les femmes. Tout comme les hommes qui défendent jalousement leur atelier de bricolage et tiennent à faire croire à leur épouse qu’elles « ne sauraient même pas planter un clou ». Mais cela est bien naïf et réducteur. S. m’a rappelé les exigences productives de ces activités sexuées.
Le processus de l’écriture brodée ouvre à une autre écriture, puisque l’inspiration, entravée par un geste répétitif, est à la fois ralentie et rythmée.
Ce travail "plastique", de même que la série des peintures Comme une sorte de journal intime, je ne le vois pas en rupture, mais bien dans la continuité de mon écriture. Et je commence à comprendre que mon écriture est couture, parfois apparentes, ou comme un patchwork : je sais, moi, que cette pièce de tissu vient d'un foulard de soie, tel autre d'un vieux pantalon, ceux-ci d'une robe de jardin et d'une chemise à manches longues, et celui-là, oui, le bleu, était à l'origine un boubou de basin riche cousu à Bamako.

Dakar-Bamako par Ouagadougou

Ce voyage était nécessaire pour vivre un rêve d’enfance : me trouver là sur les avenues ombragées d’une grande ville que j’imaginais déjà brûlante, où une foule colorée disparaît au loin dans la poussière ; ou bien sur une route infinie dans un paysage austère et magnifique.
L’Afrique est, en quelque sorte, présente en moi depuis longtemps. Il y avait d’abord, à la maison, la statue d’un chasseur hiératique et celle, plus petite et en ébène, d’un balafoniste aux lèvres charnues. Cette statuette excitait déjà ma curiosité : un instrument de musique inconnu, dont le son vibrant me fut révélé plus tard ; le grand boubou du musicien qui en faisait un prince, son beau visage réaliste, et ce qu’on me disait sur les griots qui racontent et font l’histoire. Le valeureux chasseur, lui, trônait en haut de la bibliothèque, son butin sur l'épaule, l'air arrogant et serein, le visage incroyable. Ces objets, avec le grand boubou de ma mère, en basin d’un bleu profond, et ses boucles d’oreilles en or, faisaient partie des souvenirs du séjour de mes parents au Mali, chez mon parrain. J’avais vu quelques diapositives, le Marché Rose, je crois, mais je savais peu de choses de ce voyage et de la vie là-bas de mon parrain et de sa famille, tout cela ayant eu lieu avant ma naissance.
J’ai l’impression que ma mère ne m’a raconté qu’une seule chose de ce séjour, qui m’est restée comme une évocation poétique, et que j’ai dû réécrire avec mes propres images et de mes propres mots : en promenade un soir dans les jardins maraîchers sur les bords du fleuve Niger, elle s’était occupé d’un enfant, assise sur une natte près d’un vieillard aveugle, pendant que la mère faisait les allers-et-retours pour aller chercher l’eau, et arroser minutieusement ses plantations. Le vieux chantonnait une mélopée et caressait l'enfant avec une feuille pour l'endormir. Et dans les mots même de ma mère, j’ai senti la plénitude de ce soir-là, la préciosité de l’eau, la fraîcheur montant de la terre arrosée, et la secrète compréhension de ces deux mamans qui ne pouvaient discuter ensemble. Je ne distingue pas bien cette image du disque de kora de Keur Moussa au Sénégal et cette harpe aigre et douce m’évoque toujours une sorte de nostalgie d’un souvenir qui n’est pas le mien.
Je me souviens aussi d’un concours de dessin organisé par une association caritative catholique, et dont le thème était la paix. Comme j’avais dû entendre dire qu’il y avait la guerre et la famine en Afrique, j’avais dessiné un soldat noir qui laissait son arme pour aider une femme aux champs. J’avais imaginé, dans cette scène naïve, que le soldat, nostalgique de son village et de ses parents, venait en aide à la femme, parce qu’il cultivait de la même façon dans son pays, et qu’il avait besoin de retrouver cette sensation-là, d’être courbé sur la terre en la travaillant à la daaba.
C’est je crois, à cette époque, que L.L. était venu dans mon école de village nous montrer les images d’une mission humanitaire, au Togo ou au Burkina Faso, je ne sais plus. Nous étions allés à la salle des Fêtes pour voir un diaporama et un film, et c’était déjà un événement en soi, se retrouver dans une salle obscure pour regarder des images. Ce sont ces images, les Noirs, les cases en banco dont la rondeur me paraissait si simplement confortable, la route rectiligne se perdant dans cette terre rouge originelle, qui sont peut-être à l’origine de mes évocations africaine. Et d’un coup, la musique, le film sur un balafoniste dont les geste virtuoses allaient trop vite pour la pellicule et n’y avait fixé que le mouvement. Les vibrations et les arpèges du balafon m’avaient ravi incroyablement.
Et l'image du superbe balafoniste est ainsi resté imprimée dans ma mémoire, figure symbolique – de quoi ?- dans ma vie.

C’est peut-être pour faire mien le beau souvenir de mère, et pour comprendre les étoffes riches de couleurs inédites, et pour rencontrer le somptueux balafoniste, et pour être brûlé dans la brousse par le vent d’Harmattan, que je suis venu au Burkina Faso. Bizarrement, quand je suis en France, il m’est quasiment impossible d’en parler. Je ne sais ce que je suis venu vivre ici, mais c’est un quotidien, et il est souvent difficile, voire inutile, de parler du quotidien.
Que dire du quotidien qui serait représentatif, sans tomber dans l’exotisme ? On est tout le temps dehors. On mange dehors, on boit le thé, on reçoit dehors. On chie et on pisse dehors. On se lave dehors. Selon, on se douche au soleil qui nous sèche, ou bien on se lave la nuit, dans le noir, parfois à la bougie.
Que raconter ?
C’est aujourd’hui qui commence : le coq de cinq heures, la poussière soulevée par Aïdara Ma qui balaye la cour, c’est cela qui me sert de réveil.
Et la journée qui finit dans la fraîcheur du barrage, au crépuscule, pour un verre en tête à tête.
Que dire ?
Que, sur le chemin de retour de Bobo-Dioulasso, une panne de car arrêta, comme souvent, tous les voyageurs à Koumbia. Je voyageais seul. Assis sur une souche, j’eus, un instant, un vertige de lumière et de chaleur, entendant rebondir la langue inconnue, et attendant dans ce temps dilaté, en me disant que je vivais mon rêve d'habiter ici un moment de ma vie.

Que raconter du quotidien ?
La joie, la parole, l’ambiance, les rencontres, les amis, la danse et le soleil brûlant. Oui, j’y ai appris tout ça.

2006-2008

jeudi 26 juin 2008

De l'ordre des choses

Se pose la question de l'ordre des textes publiés ici, ou de leur désordre.
Cela me fait souci ces temps-ci, et m'empêche d'en livrer plus, alors que c'est l'exercice même du blog : cette lecture à sens multiples, sans ordre.
Alors que j'ai actuellement un problème avec la narration, la chronologie, la succession, et que je crois être incapable d'écrire une nouvelle de ce fait même, je voudrais que ce blog soit chronologique. Et que c'est heureusement impossible.
Suivront donc, si j'en ai le courage, de nouveaux textes, des choses anciennes, des chronologies désordonnées, des exercices, dont je ne saurais définir la hiérarchie.

lundi 16 juin 2008

Masques

Tu poses
Et tu crois ce faisant te cacher
Sans masque

Léger et fou
Tu divagues
Crois-tu faire sentir
La transparence

Survole
Verront-ils

La profondeur

Ah
Que tu les enlèves tous
Restera encore ta peau
Une frontière aux autres
Formidable


Alexis Garandeau

lundi 9 juin 2008

Extrait du Registre de résidence

Semaine 9 (du 26 mai au 1er juin)
Apéro-réunion au Brise Glace, présentations, rencontre avec le collectif, spontanéité, enjeux… Prise de conscience de ces énergies. Bouleversements dès le lendemain. Décision favorable du collectif pour la reconduction des résidences invitations : Echelle 5 se transforme en échelle 7, sur le nombre de mois disponibles depuis janvier.
Regain d’énergie, reprise des séances de lecture et recherches à la bibliothèque.
L’Isère est grosse et monstrueuse des pluies continuelles. Longue promenade en vélo pour tenter d’inspirer l’énergie du flot et s’apaiser du fort mélange air et eau.
Je prends résolument mes habitudes à la boulangerie de la rue Saint-Laurent où le patron distrait me sourit gentiment.
Réflexions à vide sir Fleurs, Jardins et Poèmes en tous sens. Accumulation d’Instantanés et travail sur le hors champ.
Nouvelles idées pour poursuivre le travail Comme une sorte de journal intime, série de peintures initialement exposées au Hangar 11, à Ouagadougou.
Rencontre avec Michel et le groupe pour le projet évoqué la semaine dernière.
Dans l’ensemble, des rencontres et de l’exotisme qui viennent me distraire, sinon me soutenir.

Semaine 10 (du 2 au 8 juin)
Dixième semaine de résidence.
Clair besoin de lecteurs, de critiques, de retour.
Mais problème de la restitution : que restituer de mes bouts de textes et petits travaux ?
Les choses se font par étapes, plutôt aléatoires et imprévisibles. Alors que je demandais via le blog, des commentaires à mes lecteurs (cf. Bonjour), dans un travail tourné vers l’extérieur (projet danse-musique), j’étais moi-même dans un silence d’écriture. Mais même sans écrire avec un stylo sur du papier (et encore, cela est faux), j’étais en travail sur l’écriture elle-même, sans réponse et presque suffocant : écrire n’est pas difficile, la question est écrire quoi. Et de là : comment écrire ? à qui écrire ? pourquoi écrire et écrire pour qui ?
D’où mon besoin de sentir les lecteurs et lectrices.
À cette étape, j’ai besoin d’une pause.
Et j’ai nécessité de poser des objets devant moi : quelques textes demandent une mise en forme. Besoin de restitution et d’objets.
Toujours dans la problématique de la forme, j’écris ces temps-ci sur de grands formats, j’ai envie de travailler sur tissu, espérant, mais doutant, qu’interviennent d’autres formes d’écriture.
Mais peut-être ce désir d’objets-formes extérieurs est-il une fausse piste à la question de l’objet de l’écriture même ?
Cette élision est du moins la seule forme acceptable que je sois en mesure de donner.

lundi 2 juin 2008

Extrait de Fruits (titre provisoire)

J’aimerais vieillir comme une chataîgne :
me déssécher tout en gardant une enveloppe intacte, belle et luisante. Et puis, je ne sais pas, il se passerait un truc dans la vie qui m’échauderait, qui m’ébouillanterait d’un coup. Et épanoui et plein, cuit à point pour la saveur, d’une seule bouchée, je me ferais manger !

jeudi 15 mai 2008

Bonjour

Bonjour, lecteur ou lectrice, habituéE (oui, je sais que ce blog fait partie des favoris de certains, si si !) ou nouveau venuE.
Je vous trouve bien silencieux-se.
J'attends vos commentaires. Dites moi comment vous vous retrouvez dans ces petits cailloux, si vous aimez, si vous n'aimez pas, quel est votre texte préféré ; dites moi si vous lisez le matin ou le soir ; dites moi comment va votre grand-mère...
...Mais parlez moi.

mardi 13 mai 2008

Dans ma nuit noire et profonde

La nuit, tout est nuit.

Dans cette nuit obscure, dans cette sombre noirceur, vous ne pouvez pas voir, vous tous qui avez peur. Mais je vois – bruits, parfums, éclatants au toucher – toutes les nuances ténues et pleines : je suis une phalène.

Lueur bleuâtre et givrée des prés qui crépitent, pétrifiés, sous la lune pleine. Gris, velours rebrodé, des mousses sur la pierre gris clair et dur ou bien polie et veinée.

Etincelles miroitantes du noir lisse et brillant des feuilles du houx piquant. Gris tendre du lilas, bien poudré, et de son discours d’amours parfumées. Bruissement noir des hauts sapins qui protègent l’obscure senteur à leurs pieds. Craquement gris et odorant de la feuille de chou perlée d’une goutte : diamant doux aux feux discrets. Souffle blanc de la chouette qui passe sans un bruit, se pose dans le pourpre puce de l’érable du jardin et pousse un hululement perçant, éclair sonore et rassurant dans une nuit d’enfance.

Humidité nocturne du brouillard qui fait goutter le feuille brune étincelante, recroquevillé de la forêt.

Gris, gris et gris : voilà mes couleurs. Elles plaisent moins que le gris-brun, chaud et doux, de la souris qui pousse son stupide petit cri dans vos greniers.

Pourtant, voyez mes ailes ! Gris-brun, froid et poudré, j’ai mis sur mon habit du soir trois bijoux d’onyx, un peu terni, pour rehausser les soies grises et douces de mes antennes.

Mais soudain : une brusque étincelle de lumière apparue ! Que j’aille voir cette joyeuse nuance d’un éclat inconnu ! Je vole au travers du noir très sombre et odorant des buis que j’apprécie. Et c’est sur votre lampe réconfortante que je me précipite – Joie ! – qui éclaire votre salon aux tendres soirées, soyeusement tendu sur la fenêtre ouverte.

Mais je ne vois plus, aveuglé de cette lumière dont la force éteint les couleurs ! Mes yeux brûlent, je ne vois plus rien ! Je volette, effrayée, emprisonnée par cet éclat violent ! Je convulse, perds ma poudre, me renverse… Nuit, j’agonise !

J’étais une phalène et vous m’avez brisée !

dimanche 4 mai 2008

CUT UP (Essai de)

Tentative de cut up, entre un texte sur Lacan lu dans "le petit escalier" du Brise Glace, et un texte personnel. Découpez, mélangez, recopiez, c'est prêt !


Non, non, non, Lacan ne la situe dans même, quand même, le désert est absent. Culpabilité quand le sujet cède, sauvage plaisir, voyeurisme de bon goût peut paraître une ambiguïté la sexualité. Travaux intrusifs, pour dire satisfaire à son N’y avait-il que ça à inventer ? c’est ne pas aller jusqu’au du terme) est-elle excusable ? manœuvre d’évitement simplicité de l’art à la japonaise : on n’y évite Pas parce qu’aller Et la beauté n’est-elle pas désir question le sujet dans me semblent faire ensemble l’esthétique compte exige un Sens qu’on parle de sa satisfaction, franchir les menaces l’est beaucoup moins, ou en tous cas Autrement dit, de ne pas pa parfois laid, du moins une fois qu’il que cède sur actifié pourrait-on dire. Quoique je cherche que pour satisfaire quelque encore une fois mot juste par les structures ce que Lacan reprend du


Cette culpabilité objective pas oublier le désir rapport avec le désir : il y a Eclat d’une bouche, - c’est son expression - sur son désir. ça, registre consensuel de « céder sur son désir » ; ça ne veut pas construction en miroir désir, au contraire : céder sur son désir, La médiocrité (au sens classique bout de son désir, et même faire une vaut mieux la précieuse Autrement dit céder sur son désir est un compromis pas la beauté jusqu’au bout de son désir met en et frustration qui son rapport au monde et en fin de. Le désir, à l’état brut courage extraordinaire ; il s’agit en effet de subvertir. Le plaisir, les barrières, de l’existence courante rarement. Le plaisir est même éviter la castration. On peut ajouter à ça pris, qu’il est est est désir est d’autant plus facile qu’on ne cède encore une fois chose qui est justement recommandé professionnelles, par exemple satisfaire terme antique « le service des biens ».

La Vraie Vie de B.

Nous avons rencontré Bérangère Haëgy à l'expace Bajidala à Ségou (voir post L'Espace Bajidala, 1er avril ou le lien vers le site dans Et ailleurs...). D'emblée, la présence de cette photographe a éclairé la cour, les terrasses, le jardin, encore refroidis par un fort vent d'Harmattan.
Elle venait s'intéresser à l'architecture de Ségou, et vous pourrez voir sur son blog http://www.lavraieviedeb.blogspot.com/ des photos de ces maisons à l'allure de minuscules châteaux-forts en terre rouge et à ses constructions coloniales néo-soudanaises qui sont surtout au goût des années 20 : des lignes, et un souci du motif et des intervalles, avec certes une évocation des grands empires d'Afrique.
Pétillante et pleine d'humour, Bérangère est vite devenu notre star à Bajidala ! J'ai aimé sa vision nette mais profonde, son sens du détail et les lignes de ses photographies. Elle travaille beaucoup sur le corps, et une fusion entre chair et matière (elle a exposé à Florence, Eros et Thanatos).
Il se trouve qu'elle est à Grenoble, et nous nous y sommes vus. Son dernier travail, La Vraie vie de B., met en scène Barbie (et Ken) dans des postures surprenantes, bien plus humaines et quotidiennes, au point de briser le mythe (ou le traumatisme) lié à la star Barbie. Des photos de belle qualité, très travaillés, et un regard drôle, émouvant, ou impertinent, mais surtout plein d'humour.
Voici son propos :
" La vraie vie de B... est la vie, vue, vécue, digérée, assumée et amusée par ma petite personne, montrée à travers la plastique de Ken et de Barbie, couple mythique et polluant, voulant nous culpabiliser depuis notre enfance sur nos différences, nos corps, nos comportements parfois bestiaux mais si humains...

Car, vous comme moi, ne vivons pas dans le "wonderland", nous n'avons pas de rendez vous avec Mickey, n'avons pas de maison ni de voiture rose en plastique et encore moins un avion...

Vous comme moi, avez des amis étranges, des histoires d'amours particulières, des petits soucis de santé et d'argent, une famille qui ne sourit pas tous les jours, des cheveux gras qu'il faut laver souvent, des vaisselles vraiment sales et porter des courses vraiment lourdes, des factures qui s'entassent dans votre boite aux lettres... "

Voir son site : http://www.lavraieviedeb.blogspot.com/

mercredi 30 avril 2008

Semaine 4

Extrait du Registre de résidence

Semaine 4 (du 21 au 28 avril) Travail, restitution, errance

Début de semaine. Quelque chose auquel je ne sais donner forme semble être en train d'émerger à la surface. Une mutation s'opère.

Quatrième cartouche d'encre (depuis le début).

Je travaille et trouve un nouveau rythme.

Début de notes sur Louise Catherine pour un texte à sa demande.

Début des Photos que je ne ferai pas (Instantanés)

Bilan : 6 poèmes écrits à ce jour, 4 feuilles et demie pour Au cours d'un soleil brûlant (cette semaine), reprise de l'histoire du cavalier noir. Ouais, ça part dans tous les sens.
Se reposer (sic) la question du rendu. Idée d'exposition, lecture ?
Repenser à Entre chien et loup

Ai régulièrement travaillé.
Lundi, deux heures en prenant mon temps. Puis environ une heure, le soir avec Cat.
Mardi, une heure et demie.
Mercredi, une demie heure de lecture et deux heures de travail à la bibliothèque d'Etudes. *

* Dissolution : 1) Décomposition d'un agrégat, d'un organisme) par la séparation des éléments constituants.
2) Passage en solution d'une substance solide, liquide ou gazeuse.
Petit Robert 2007

* Exposition Rouge

Albert Memmi, L'écriture colorée ou je vous aime en rouge
5 variétés de langage 5 couleurs
Vérité Noir
Analagie Jaune
Voeu Vert (espoir)
Fantaisie Bleu
Emotion Rouge

Jeudi, une heure et quart, et une demie heure de lecture.
Vendredi, une heure au Jardin des Plantes, où j'ai perdu mon agenda répertoire.

Plus d'une quinzaine d'allers-et-retours dans les escaliers, dont un pour le bois ; 3 heures de vélo, 3 messages sur des répondeurs, 2 migraines, 1 journée sans écrire (samedi, une langueur printanière et un dégoût d'écriture m'ont pris ; j'ai jardiné, étendu ma lessive et lézardé au soleil).

Pour une exposition : boîte à mots, mobile littéraire, une petit tirage de Fruits, Jardins, Instantanés. Restitution.

Perdu, trouvé, restitué le lundi suivant au Jardin des Plantes
le minuscule agenda (carnet personnel) bleu avec un bouton pression.

Perdue, retrouvée, la clef USB.

Perdu le bouchon du stylo-plume. ça m'énerve.

Restitution des 2 textes sur la Loire, sur le blog.

Retrouvé le bouchon au bout d'une demie heure.

Dimanche, journée floue. Un peu écrit, ai dactylographié, beaucoup réfléchi... Peu mangé et fait une heure de vélo le soir au parc. Journée d'errance


vendredi 25 avril 2008

La Loire (2)

Ce n’est que plus tard que j’ai découvert les villes respectables construites sur le cours de ce fleuve indocile et somptueux. Des villes sages, portant dignement l’histoire de France, donnent l’impression d’oublier la sauvage Loire d’avant l’histoire, ses combats et ses luttes.
Plein été dans la ville en congés. Sur les sables découverts de la Loire, il y a comme un parfum de port. Ce parfum d’ailleurs se rappelle ici et maintenant : les départs éplorés, les voyages envoûtants, les regrets dissimulés dans la ville haute alors que l’amant s’est noyé et l’anneau enfoui dans les sables.
C’est pour croire enfoui tout cela dans le fleuve que la ville s’est construit, hautaine, sur une seule berge : qu’il n’y soit pas trop évident. A chaque remords, à chaque regret, elle a monté plus haut ses tours, ses colombages ses créneaux et ses clochers. Pour oublier.
Et que vaut-il mieux faire, entre demeurer dans ces ruelles étroites d’où aucune perspective en effet ne s’ouvre vers le fleuve, ou partir loin vers l’Océan submergé d’urgences folles et insensées, aux aventures aimantées ? Pourquoi attendre un amour aléatoire dans cette ville docile, partisane et rangée d’un seul côté du fleuve ? Et pourquoi courir après ce voyageur intrépide, insatiable et parfait qui se nourrit de votre disponible immobilité ?
Je me promène, dessous la ville haute abhorrée, sur les sables retrouvés du fleuve indomptable.
Ailleurs, plus tard, je découvre, l’œil humide du vaste monde, et respire à la folie l’air du large. Je n’ai pas choisi, finalement, entre rester et partir. Je vais de l’un à l’autre, c’est le balancier de mon horloge : aller, puis venir. Attendre, puis aller. Rester, puis partir. Attendre pour partir. Rester avant de fuir.
Toujours aller de l’un à l’autre : de mon noueux amant noyé à mon lisse amour de jaspe. Rester sur une colonne d’un galbe immobile, puis courir vers la giclure éclaboussante du poisson argenté.
L’un dans l’autre, quitter encore la ville, me fondre encore un peu, m’enfoncer dans les sables, me noyer dans la Loire, m’oublier dans l’Océan.

La Loire (1)

Il y a d’abord un souvenir vague, peut-être faux comme ils le sont souvent. Je me vois me baignant avec mon frère, dans un ruisseau qui était pour moi la Loire, puisque nous avions vu sa source au Mont-Gerbier-de-Jonc pendant les mêmes vacances. La loire en effet n’est pas un fleuve : c’est un souvenir. Un souvenir qui se laisse heureusement oublier de son flot doux et plat, silencieux. La Loire glisse, constante et lisse. Le soleil qui déjà tend à l’oblique jette sur l’eau des éclats durs et brillants. L’aveuglement du reflet qui donne prend la place du discret mouvement du flot, mais puissant et évolutif : diamants perçants sur une moire lisse et glauque. Le souvenir remonte, ressurgit brusquement et tourbillonne ses eaux troubles et voraces. C’est le souvenir des noyés, celui du galant matelot de la chanson qui disparaît à la troisième plonge pour retrouver l’anneau de sa belle.
C’est le souvenir, alors que je me baigne sur la berge interdite, bien loin, bien plus loin que la première fois : à côté du petit Gitan nu qui brave les mystères du fleuve, dédaignant ses dangers ; c’est le souvenir du petit garçon intrépide que je n’ai jamais été mais que je suis peut-être aujourd’hui. Résolu en tous cas, je me tiens maintenant debout face au fleuve et nous nous jaugeons.
Ce sont ces souvenirs que la Loire accumule et charrie sous ses sables, et que domptent peut-être les pêcheurs que je jalouse. Elle travaille contre le temps et oblige les hommes à construire des ponts énormes pour croire l’oublier, aux larges arches, aux arcs-boutants comme des hanches. Et elle dessine sous les arches, par leur reflet dans l’eau, un cercle presque parfait : l’anneau qu’elle a volé.

jeudi 17 avril 2008

Etape/s (numéro 1 ?)

A ce stade (semaine 3) de ma résidence au Brise-Glace, il apparaît quelques petites choses...
La question de la monstration, d'une restitution de mon travail d'écriture, a été posée. Je ne sais quoi répondre à cela pour l'instant, d'autant moins que je ne pense pas avoir quelque chose de montrable, et que je ne suis pas sûr d'atteindre ce stade dans les 8 semaines projetées ici. Je l'ai résolue d'une manière facile : j'ai demandé à Louise Catherine Drève, peintre et plasticienne qui m'a invité ici, de lire mes notes quotidiennes, le pense-bête poétique (?) ainsi que le registre de résidence, et de faire de ce modeste rendu, un bilan, une étape, une discussion. Le premier a eu lieu lundi.
Puis, me voilà devant un fait inconfortable : l'écriture me conduit vers un terrain que j'aurais volontairement aimé mettre de côté. La chose s'impose à moi, irritante. Je n'ai pourtant pas envie d'en passer par là. J'aimerais l'effacer, la polir. Il faudra bien pourtant que je la résolve, d'une manière ou d'une autre ; que je la traverse et l'affronte ; que je m'y confronte (j'y suis déjà confronté ! mais qu'en faire ?) ; que je la résolve, oui, comme on résout une équation ou un problème pour en trouver le résultat, la solution.
Un point important, soulevé par LouCat, et répété voilà dix minutes par Nosca, plasticien : la contrainte, ou l'objectif. Il est vrai que je suis venu sans projet défini. Cela me bloquait un peu, au départ, puis je me suis dit que cela laissait ouvert l'ensemble des possibles. Mais il apparaît nécessaire, pour profiter au mieux de ce temps et de cet espace, de fixer un objectif ou une contrainte de travail. Fixer un point, ou un réseau de lignes restrictices et induisantes (conductrices ? possiblement). Travailler selon cet horizon. Et voir ce qui s'y passe...
L'objectif peut être atteint, et s'avérer soit inintéressant, soit signifiant. L'objectif ou le projet peut évoluer, bouger, bifurquer, disparaître, être perverti... Il peut s'avérer vain ou inadapté.
Mais en tous cas il y aura eu un travail, fini ou en tous cas achevé même si ce n'a pas abouti, et donc un objet posé là, en dehors, preuve ou résultat tangible d'une étape, d'un progrès ou d'une impasse. Donc critiquable. Donc dépassable.
Je vais donc essayer de me tenir à l'écriture des "épisodes" des 24 heures à Ouagadougou, tenter de les mettre dans l'ordre et de trouver des volutes pour les faire tenir en place...
Il serait bon aussi que l'idée de l'histoire du cavalier noir avance.
Chaque chose en son temps. Petit à petit. (clin d'oeil à Heriberto)

mercredi 2 avril 2008

Résidence au Brise Glace - Grenoble

Voilà une semaine que je suis en résidence au Brise Glace à Grenoble.

J’y dispose donc d’une pièce d’une vingtaine de mètres carré, aux murs blancs, donnant – comme l’atelier d’un peintre – au Nord et sur les montagnes. Cette chambre fait partie d’un « appartement », chauffé par un poêle, ainsi qu’un salon-cuisine commun, la chambre de S. et l’atelier de D.

« Ma » pièce comporte des placards à 8 casiers, étrangement et inaccessiblement hauts (il est vrai que je suis petit), des étagères et une commode ; un lit, un petit meuble roulant, un immense et lourd miroir, un meuble-bibliothèque, surmonté d’un casier blanc et jaune à portes coulissantes, une échelle bleue ; un bureau en formica d’un design aussi spatial que génial, assez typique, je pense, des années 70 ; une chaise, une lampe qui ressemble à un aéronef, et un matelas en plus, qui me servira de sofa et sur lequel je m’essaierai à écrire en y posant une planche soutenue par deux traverses en bois, trouvées sous le sommier.

Pour écrire, je dispose d’un stock de Bic à mines rétractables, noirs, ceux que je préfère, et d’un stylo-plume en plastique noir et violet (premier prix). Il se trouve que j’ai dû acheter un nouveau livre de brouillon, de couleur rouille, puisque le précédent, gris, est rempli. J’ai commandé un « registre » chez la relieuse de la rue de l’Abbé de La Salle, de forme oblongue, de 32 pages, à couverture verte et rouge et à reliure rouge pompier, dans lequel je noterai, comme dans un carnet de santé, l’évolution de ma scriptopathologie ou de ma graphomanie.

Le Brise Glace est un bâtiment énorme, sur quatre niveaux, plus la cave. Ouvert il y a plus de 15 ans (occupation illégale), il comporte une quinzaine d’ateliers (peintres, graveur, plasticiens, musiciens, architectes…) et plusieurs « appartements » d’habitation. C’est comme une fabrique, un peu monstrueuse, évolutive, et c’est très étrange de voir et de sentir tous ces gens qui passent, qui travaillent, qui expérimentent et qui créent. Le collectif Ici Même (http://www.icimeme.org/), célèbre pour ses performances dans l’urbain et pour son questionnement sur le rapport à l’espace publique et l’espace privé, y a ses ateliers, de même que la 10section, groupe d’architectes. Des ateliers personnels, dont celui de la peintre et plasticienne Louise Catherine Drève, qui m’a invité. Le Brise-Glace s’est voulu "lieu d'échange et d'émulation" entre différentes pratiques artistiques, un lieu de "circulation d'idées" (un compte rendu de l’an 2000 : « L'objectif du Brise-Glace : créer un lieu de vie et de travail, de rencontres et d'échanges, où matériaux et savoirs-faire fabriquent de l'en-commun, une de ces friches qui transforment en liberté la nécessité d'articuler espace et création. Quatre ans après, l'objectif est atteint: cinq logements, seize ateliers, labo-photo, atelier de sérigraphie, cent résidences d'artistes, des fertilisations croisées entre arts et spectacles vivants. » Depuis, le lieu est en baisse d'activité et en reformulation de ses projets, du fait, en partie, de la menace d'expulsion).

Ecrire, c’est être seul, et je vis en effet une étrange solitude. Le Brise-Glace, bien que proche du centre et tout près du quartier Saint-Bruno, est en marge de la ville et de ses institutions. C’est un espace de liberté créatrice. J’y suis au calme, entouré d’artistes qui travaillent, et même si je ne les connais pas tous et que je ne croise que peu, j’y trouve une émulation. J’y trouve retraite. Ce m’est même un refuge. Comme une Arche de Noé dans le fracas du monde. Je commence à me mettre dans un état de vacuité, que j’espère propice à l’écriture.

Et j’écris. Je réfléchis. Je me nourris (expositions, lectures, bibliothèque, conférences, quelques spectacles, de la danse surtout). J’avance, quand bien même je n’en suis pas à une réelle production.

Peut-être même n’y aura-t-il pas de production ; cette idée avance, m’aide à faire le deuil d’un livre qui ne s’écriera peut-être pas. L’essentiel n’est pas là : ce sera une expérience qui compte. Je vis ce que j’ai désiré : passer un temps à écrire, un temps libre et disponible que j'ai créé pour ça, et le passer, ce temps, dans un atelier artistique collectif.

Rien qu’une saison. Toute une saison.

Je me rends compte que la fréquentation des livres, que ce soit dans les librairies ou les bibliothèques, me stimule énormément. Un titre, un mot, une image fait office d’interrupteur pour une minuterie, une petite mécanique de l’esprit qui fonctionne et opère. J’ai même l’impression d’entendre les bruits des rouages, leviers et poulies dans ma tête : tic tac toc, ding, ding ! Voilà trois mots, une phrase, un ou deux versets qui se déposent à la « sortie » de ma cervelle !

Le charme ou le sort opère, entêtant, mécanique infinie ; et si j’ai souvent l’air absent, je me sens, au contraire, tout contre les choses ; ça parle, continûment ; ça écrit, souvent, souvent sans papier ni stylo.

Mais comment déverrouiller l’espace du dedans ? (Laure Adler dans Les femmes qui écrivent vivent dangereusement)