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samedi 28 juillet 2012

Passe par les villages, Peter Handke

Joue le jeu.
Menace le travail encore plus.
Ne sois pas le personnage principal.
Cherche la confrontation.
Mais n’aie pas d’intention.
Évite les arrière-pensées.
Ne tais rien.
Sois doux et fort.
Sois malin, interviens et méprise la victoire.
N’observe pas, n’examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant.
Sois ébranlable.
Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond,
prends soin de l’espace
et considère chacun dans son image.
Ne décide qu’enthousiasmé.
Échoue avec tranquillité.

Surtout aie du temps et fais des détours.
Laisse-toi distraire.
Mets-toi pour ainsi dire en congé.
Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau.
Entre où tu as envie d'entrer et accorde-toi le soleil.
Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus,
penche-toi sur les détails, pars où il n’y a personne,
fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur,
apaise le conflit de ton rire.
Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit,
et que le bruit des feuilles devienne doux.

Passe par les villages, je te suis.


Extrait de Par les villages, pièce de Peter Handke

lundi 2 mai 2011

Rêve

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vendredi 5 novembre 2010

Mais ce silence ne pouvait être vide

Envie de voyage, de liberté... De refaire à l'envers les voyages qui m'ont fait : Italie, Angleterre, Inde, Alexandrie, Dakar, Ouagadougou et Bamako
Plaisir douloureux d'une séance de La tumultueuse vie d'un déflatté - exaspération de la ville et des vanités urbaines, nostalgie de revoir sur écran le Grand Z tel qu'il m'apparut à Ouaga, vanité orgueilleuse et nostalgique - vaine pour tout dire, et presque fausse - d'avoir facilité la rencontre pour ce film.
Plaisir d'une séance de cinéma volée (Les Amours imaginaires) : deux heures où disparaître au milieu d'anonymes, hors de tout contrôle, personne ne sachant où j'étais... Besoin de ces temps d'errance, de vacance, où tout est possible - et pourquoi pas rien faire, ou partir à Montréal.

Ne rien faire. Luxe difficile à notre époque, et plus encore en ces jours bouleversés (point de vue domestique et égocentré). Tout me malmène, qui pourrait être soigné un peu par l'assouvissement de ce manque. Histoire de persévérer dans mon incapacité et mon improductive existence. De l'art de l'inutile... Autant éditer de la poésie !
Les Vers mal arrimés
d'Ernest Boursier-Mougenot sont cependant enfin chez l'imprimeur.


"Les beaux esprits et les femmes qui tiennent salon sont les sujets de biographie les plus difficiles, puisqu'ils disent des choses fines, vite oubliées, facilitent tout et ne créent rien. Ce sont des figures essentielles, dont la notoriété et l'utilité disparaissent avec elles."
Edmund White, City boy

mercredi 9 décembre 2009

Un silence isolé du monde ?

Certains m’imaginent, ici en vacances, ou isolé du monde… C’est drôle. J’ai plutôt l’impression que c’est le monde qui m’isole et qui m’oublie, qui me permet de l’oublier, et c’est assez agréable et reposant… Et, vivant avec une dizaine de personnes, dans une campagne certes silencieuse (ou presque), dans une maison régulièrement accueillante pour qui vient d’ailleurs, comment me sentirais-je isolé ? Comment parler d’isolement, de retraite, dans ce monde en réseau, en réseaux ? Comment être isolé aujourd’hui avec le courrier postal, la radio, le téléphone, Internet ?
Parlons blog. C’est un monde hallucinant – et pourtant je le connais fort peu – à géographie aléatoire, affective, sans frontière, me semble-t-il… Ce sont, partout (ici !), des livres qui s’écrivent au quotidien, aux quotidiens (ou non) de leurs auteurs : des livres qui se donnent à lire en même temps qu’ils s’écrivent. On passe de l’un à l’autre sans limite et si je rends visite à mes blogs amis : Thomas Querqy et le florilège de citations de Saint-Loup, je passe à la découverte de Nicolas Ravière et au graphisme de "J'ai flané pour vous", je passe à la photographie avec cette étrange Shooting Gallery 365, le travail de Heriberto Aguirre qui m'amène à celui d'Antoine … C’est vertigineux. Vérifiant parfois combien de lecteurs viennent me lire ici, je suis toujours surpris : qui pouvez-vous bien être ? Par où êtes-vous arrivés ici ?

Mais c’est là la magie vertigineuse de la Toile : si je fais une recherche sur le photographe espagnol Garcia-Alix, je découvre ces images...
Si je cherche des images de Malick Sidibé, je vais tomber sur les portraits d’Antoine Tempé et sur le travail de Alioune Bâ.
Si je me documente sur Brassaï, j’apprends l’existence historique du Bal des Quat’zArts et du Bal du Magic-City – ce qui me fait dire qu’on a tout de même bien perdu en liberté des corps – et du personnage incroyable de Barbette, ce qui me ramène à Man Ray…
Bref, avec Internet, ses blogs, ses images, ses textes, le monde entier ou presque est à la portée d’anonymes autodidactes.

Hélas, j’ai appris qu’un ami, après avoir tenu ce type de journal internautique qu’est le blog, pendant deux ans, l’avait supprimé. Le résultat est qu’il n’est plus en ligne mais, pour moi, cela veut dire qu’un livre a disparu : un livre inachevé qui se lisait au moment même où il se faisait a été définitivement autodafé. Et ce supplice par le feu est même plus violent, car avec la Toile, pas besoin de feu, aucun spectacle, nul espoir qu’un exemplaire soit sauvé par un bibliophile aussi résistant qu’affolé : il suffit d’un clic, il n’y eut qu’un déclic. Le vertige formidable (au sens classique du terme : redoutable) me semble devenir un cauchemar (mais peut-être les fichiers existent-ils encore quelque part ?).
Je ne pense pas qu’on ait encore pleinement conscience de la révolution que ce réseau informatif a sur le cours du monde : Internet est ce qu’on en fait. Ce qui laisse tout de même pas mal de liberté. Du moins pour l’esprit.
J’en reste flou.

jeudi 22 octobre 2009

La Chambre blanche

Et c'est fou comme je travaille dans cette chambre blanche, alternant avec le bureau de la grande salle... et agréablement distrait par les travaux collectifs, ou les soins données à la basse-cour.

jeudi 10 septembre 2009

Il est étrange de s'endormir pour la troisième nuit dans une chambre blanche et nue, vide à part un lit très haut, une table ovale et un banc raide,
en pressentant que cette chambre a toutes les chances d'être sienne pendant les mois qui suivent...

jeudi 28 mai 2009

Atelier-bureau : 22 bis rue Ponsard


Photographie extraite de "Petit Palais", par Antoine Stephani
Livre de photos d'Antoine Stephani et (très beau texte) texte de François Bon

Cliquer sur la photo vous emmène sur le site du photographe

Tous les jours, ou quasi, je sors de la maison et je prends le bus 26 avec les étudiants, et les gens de la cité Saint-Augustin et du quartier Teyssère. Les transports en communs font partie intégrante de mon travail. Comment et pourquoi, je ne sauarais le dire. Je descends à la Villeneuve et je marche jusqu'à la rue Ponsard, où j'ai mon atelier-bureau, en collectif avec les passeurs. Tous les jours ou quasi, je passe un temps dans cette maison vide, vacante, disponible, et c'est ce vide et cette disponibilité qui me permet de travailler.
Certains jours, je m'y rends à vélo : j'ai trouvé un raccourci qui passe, entre les jardins des villas, les terrains vagues et les stades sous le soleil, pratiquement des Taillées à la Bajatière. Puis c'est une piste mal bitumée et des trottoirs qui m'amènent à la rue P.
Au bout de la rue : un Petit Palais Vacant.
On y pense, on y crée, on y travaille. Tous les 15 jours, on y enchaîne un déjeuner entre cohabitantes, une séance de travail des passeurs, un re-debrieffing entre cohabitants et un atelier vélo avec un verre de vin rouge. Si je raconte ma journée de travail, épuisé de ces longues réunions, on me regarde, l'air de dire : c'est cool, tes journées de travail, c'est comme des vacances.
De la vacance, précisément. C'est mon travail aussi.

mercredi 8 octobre 2008

HABITER AU BORD DE LA PANIQUE

Je participe à "Habiter au bord de la panique", cet évènement organisé à Grenoble par Ici Même et le collectif provisoire :

La panique peut-elle être un sentiment diffus, comme si le sol bougeait sous nos pieds ? Ne sommes-nous pas astreints à être perpétuellement mobiles, confrontés à un « nomadisme » et une précarité durables ? Parfois, il est urgent de savoir s’arrêter, de choisir le rythme de la marche. À l’heure de la « société du risque » nous sommes sommés – en tant qu’artistes – de définir et d’assurer à tout moment un « retour sur investissement ». Nous avons pourtant décidé d’ignorer les formatages du spectacle et de réunir ce collectif pour un processus plutôt qu’une forme, un champ d’expériences comprenant l’indéterminé et l’improvisation comme outils. Ces expériences inviteront à modifier notre perception de l’environnement, nos schémas de représentation, au risque de la perte des repères.

Ceci n’est pas un festival, mais au moins un « moment de visibilité ». Durant six jours, donner à voir des expériences d’artistes, d’architectes, d’écrivains, de musiciens, de danseurs... Croiser des trajectoires urbaines, dont certaines ont commencé il y a longtemps, ailleurs, dont beaucoup se prolongeront encore, après...

Habiter au bord de la panique #2 convoque la ville, le quotidien, les usages et relations sociales comme terrain d’expériences indisciplinées, inquiètes, brouillées.

Voir le site d'Ici Même Grenoble


Je participe, entre autre, à l'action proposée par louise catherine drève : Reprendre le fil. J'en reparlerai.

Juste une restitution, comme ça, en espérant que cela soit une restitution juste :

Habiter au bord de la panique, c’est habiter au coeur de la vie. Je me rends compte grâce à vous que cela fait dix ans que pour moi j’habite dans la panique, et que cela se gère, dans l’urgence certes mais cela se gère, et que c’est surtout les autres que cela panique. Cela les panique parce que peut-être ils se demandent comment je fais, comment je gèrerais ça, eux, comment ils pourraient ne pas gérer, comment les fait que je vive tout ça les panique dans leur vie à aux bien rangées et tranquilles.

Je ne sais pas si je peux vous initier à la panique. Je crois que je ne veux pas. Je crois que la panique, on la vit directement mais l’apprendre c’est impossible je ne sais pas.

jeudi 2 octobre 2008

jeudi 4 septembre 2008

Jaisalmer



Mes empreintes ont été recouvertes par du sable, mais je sais que je suis allé à Jaisalmer.
Je suis allé à Jaisalmer, dans cette ville fortifiée, construite sur du sable, en plein désert.


J’ai vu l’horizon immense, la totalité de la voûte céleste, la lumière dense qui vient de partout et qui se module inlassablement autour de Jaisalmer.
J’ai marché hors de la forteresse dans le désert et j’ai senti le silence dans son essence sur le sable malgré le vent qui sifflait.
Et j’ai commis le sacrilège d’entrer dans l’enceinte sacrée, et j’ai vu les empreintes de Mahavira. Preuve de son passage, de son invisibilité, pourtant de l’évidence de sa présence.


J’ai passé trois jours à Jaisalmer. Je n’ai rien vu de Jaisalmer.
Mais je sais que Jaisalmer est le centre du monde.


Et j’ai vu ma vie défiler à Jaisalmer, et je sais que Jaisalmer est à la frontière du temps.

mardi 2 septembre 2008

Fin d'Echelle 5 à 7 au Brise Glace

J'ai habité le lieu, modestement, pendant cinq mois, dans le cadre des résidences échelle 5 à 7. Il m'a habité, d'abord, comme une absence, quand je suis arrivé en mars, qu'il y faisait encore froid et qu'il m'a fallu m'accoutumer à l'allumage du poêle dans l'appartement où j'avais ma chambre-bureau.
Ce Brise Glace, énorme bâtiment oblong profilé sur la rue tel un bateau vitré, m'a d'abord paru comme un magnifique mausolée glacial où la figure principale était absente. Et puis, un rythme de travail et de découvertes s'est instauré, expérience que j'ai dégusté avec délectation.
Petit à petit, ce navire qui me désorientait m'est devenu un refuge, loin des fureurs du monde, où j'ai pu protéger ma pépinière de mots. De là, je partais aux bibliothèques, aux expositions, au café. Dans leur serre, loin du vent du dehors, les mots ramenés ont prospéré, les phrases se sont construites et les idées éclaircies. Ce fut un asile, dans une solitude intermittente qui m'était nécessaire.
Sans ce temps et cet espace, les Instantanés n'auraient pu être imaginés, et tout un travail de sédimentation et de maturation n'aurait pu s'accumuler dans cet humus d'où reprendra une écriture plus finale...
Et le lieu, dans son étrange absence, s'est imposé à moi : l'odeur de térébenthine des ateliers de E. et de J., le bruit des talons de M.C., l'adrénaline dans l'escalier noir, les discussions avec Louise Catherine Drève ou S., la prudence parfois voire la suspicion, parfois même le dégoût du lieu et la fuite de ses habitants.
Parfois, il y a une fête sur le toit ; le bâtiment désolé de son second déclin vibre et tremble comme un vieux homme à un mariage...
Hier j'ai rangé ma chambre-bureau, claire et blanche, n'y laissant que des cailloux de Petit Poucet, et j'ai quitté le Brise Glace.

mercredi 2 avril 2008

Résidence au Brise Glace - Grenoble

Voilà une semaine que je suis en résidence au Brise Glace à Grenoble.

J’y dispose donc d’une pièce d’une vingtaine de mètres carré, aux murs blancs, donnant – comme l’atelier d’un peintre – au Nord et sur les montagnes. Cette chambre fait partie d’un « appartement », chauffé par un poêle, ainsi qu’un salon-cuisine commun, la chambre de S. et l’atelier de D.

« Ma » pièce comporte des placards à 8 casiers, étrangement et inaccessiblement hauts (il est vrai que je suis petit), des étagères et une commode ; un lit, un petit meuble roulant, un immense et lourd miroir, un meuble-bibliothèque, surmonté d’un casier blanc et jaune à portes coulissantes, une échelle bleue ; un bureau en formica d’un design aussi spatial que génial, assez typique, je pense, des années 70 ; une chaise, une lampe qui ressemble à un aéronef, et un matelas en plus, qui me servira de sofa et sur lequel je m’essaierai à écrire en y posant une planche soutenue par deux traverses en bois, trouvées sous le sommier.

Pour écrire, je dispose d’un stock de Bic à mines rétractables, noirs, ceux que je préfère, et d’un stylo-plume en plastique noir et violet (premier prix). Il se trouve que j’ai dû acheter un nouveau livre de brouillon, de couleur rouille, puisque le précédent, gris, est rempli. J’ai commandé un « registre » chez la relieuse de la rue de l’Abbé de La Salle, de forme oblongue, de 32 pages, à couverture verte et rouge et à reliure rouge pompier, dans lequel je noterai, comme dans un carnet de santé, l’évolution de ma scriptopathologie ou de ma graphomanie.

Le Brise Glace est un bâtiment énorme, sur quatre niveaux, plus la cave. Ouvert il y a plus de 15 ans (occupation illégale), il comporte une quinzaine d’ateliers (peintres, graveur, plasticiens, musiciens, architectes…) et plusieurs « appartements » d’habitation. C’est comme une fabrique, un peu monstrueuse, évolutive, et c’est très étrange de voir et de sentir tous ces gens qui passent, qui travaillent, qui expérimentent et qui créent. Le collectif Ici Même (http://www.icimeme.org/), célèbre pour ses performances dans l’urbain et pour son questionnement sur le rapport à l’espace publique et l’espace privé, y a ses ateliers, de même que la 10section, groupe d’architectes. Des ateliers personnels, dont celui de la peintre et plasticienne Louise Catherine Drève, qui m’a invité. Le Brise-Glace s’est voulu "lieu d'échange et d'émulation" entre différentes pratiques artistiques, un lieu de "circulation d'idées" (un compte rendu de l’an 2000 : « L'objectif du Brise-Glace : créer un lieu de vie et de travail, de rencontres et d'échanges, où matériaux et savoirs-faire fabriquent de l'en-commun, une de ces friches qui transforment en liberté la nécessité d'articuler espace et création. Quatre ans après, l'objectif est atteint: cinq logements, seize ateliers, labo-photo, atelier de sérigraphie, cent résidences d'artistes, des fertilisations croisées entre arts et spectacles vivants. » Depuis, le lieu est en baisse d'activité et en reformulation de ses projets, du fait, en partie, de la menace d'expulsion).

Ecrire, c’est être seul, et je vis en effet une étrange solitude. Le Brise-Glace, bien que proche du centre et tout près du quartier Saint-Bruno, est en marge de la ville et de ses institutions. C’est un espace de liberté créatrice. J’y suis au calme, entouré d’artistes qui travaillent, et même si je ne les connais pas tous et que je ne croise que peu, j’y trouve une émulation. J’y trouve retraite. Ce m’est même un refuge. Comme une Arche de Noé dans le fracas du monde. Je commence à me mettre dans un état de vacuité, que j’espère propice à l’écriture.

Et j’écris. Je réfléchis. Je me nourris (expositions, lectures, bibliothèque, conférences, quelques spectacles, de la danse surtout). J’avance, quand bien même je n’en suis pas à une réelle production.

Peut-être même n’y aura-t-il pas de production ; cette idée avance, m’aide à faire le deuil d’un livre qui ne s’écriera peut-être pas. L’essentiel n’est pas là : ce sera une expérience qui compte. Je vis ce que j’ai désiré : passer un temps à écrire, un temps libre et disponible que j'ai créé pour ça, et le passer, ce temps, dans un atelier artistique collectif.

Rien qu’une saison. Toute une saison.

Je me rends compte que la fréquentation des livres, que ce soit dans les librairies ou les bibliothèques, me stimule énormément. Un titre, un mot, une image fait office d’interrupteur pour une minuterie, une petite mécanique de l’esprit qui fonctionne et opère. J’ai même l’impression d’entendre les bruits des rouages, leviers et poulies dans ma tête : tic tac toc, ding, ding ! Voilà trois mots, une phrase, un ou deux versets qui se déposent à la « sortie » de ma cervelle !

Le charme ou le sort opère, entêtant, mécanique infinie ; et si j’ai souvent l’air absent, je me sens, au contraire, tout contre les choses ; ça parle, continûment ; ça écrit, souvent, souvent sans papier ni stylo.

Mais comment déverrouiller l’espace du dedans ? (Laure Adler dans Les femmes qui écrivent vivent dangereusement)

mardi 1 avril 2008

L'Espace Bajidala



Photographies de Bérangère Haëgy

Dans la ville de Ségou, qui suit interminablement le fleuve Niger au nord-est de Bamako, la vie est d'une lenteur déconcertante. Comment être autrement au bord de ce large fleuve qui ressemble à un lac ?
Dans le quartier de Ségoukoura, il y a l'Espace Bajidala, littéralement : au bord du fleuve. Cet espace est construit de manière traditionnelle, les bâtiments en banco ocre rouge entourent une cour, une terrasse qui tombe ensuite dans le jardin aux alvéoles entourées de terre compacte.
A la fois auberge et résidence d'artistes, l'Espace Bajidala m'apparaît comme un refuge, une oasis de liberté de création, sans rupture pourtant avec la tranquillité de la ville et la vie sur le fleuve. Mes amis burkinabè, le peintre Sambo Boly, et le jeune photographe Nestor Da, le peintre naïf Mama Famanta, David Coulibaly avec ses boîtes, ainsi que le peintre américano-malien Adama Alassi, y ont travaillé et exposé. Il faut dire que Michel Fleury, qui a construit cet endroit, a lui aussi l'âme d'un artiste : création des meubles et de la décoration contemporaine, goût pour les couleurs et les intervalles, pour le décalage... Il soude, peint, plante, arrange... et soutient.
Nombre de plasticiens, de danseurs, de musiciens ou d'écrivains lui doivent un moment de répit et une période créative.
Nous y avions trouvé, nous, un espace de respiration pour mieux continuer, un silence d'où est sorti un texte : Dialogue de Masques.

Pour plus d'infos, cliquer sur le titre ou sur le titre dans "Et ailleurs..." et vous pourrez entrer dans le très joli site de Bajidala !

vendredi 14 mars 2008

Refuge

Vous souhaitez trouver refuge.
Dans votre mouchoir, vous amassez des brindilles.

Eric Ferrari
Les Inventions, Cheyne, 2006

Trouvée sur un marque page, cette citation, je ne sais bien pourquoi, me remplit d'espoir et de joie.
Peut-être parce que ces brindilles, comme les petits cailloux, sont pour moi (et pour bien d'autres !) une pratique régulière, poétique et rassurante.