Ces temps-ci, je suis plus qu'ému, révolté par le destin et l'écriture de Françoise Sagan. A dix-huit ans, elle écrit Bonjour Tristesse qui fit scandale (parce que l'héroïne a une liaison sexuelle hors mariage...)
Ses engagements politiques, rares (en 1961, en pleine guerre d'Algérie, elle signe la Déclaration sur les droits à l'insoumission dans la guerre d'Algérie, qui approuve l'insoumission des appelés en Algérie ; en avril 1971, elle signe le Manifeste des 343 femmes qui déclarent avoir avorté illégalement, plus connu sous le nom de Manifeste des 343 salopes ; elle fait don de ses droits polonais à Solidarność) ; son soutien (relatif) de François Mitterrand la gardent sur le devant de la scène : elle fait partie de cette gauche caviar qui a le pouvoir, on l'invite à la télévision, elle est probablement toujours mondaine.
Elle publie un livre tous les deux ans, sans compter les pièces. La critique, après s'être montré charmée, s'avoue agacée par « l'incontournable désinvolture » de cette bourgeoise.
Angelo Rinaldi, L'Express du 25 août 1994 :
En 2001, Libération la trouve trop légère, pas politique, futile, inutile et bourgeoise. Elle adressera un fax au rédacteur en chef par lequel elle rappellera qu'elle et Bernard Frank ont signé le Manifeste des 121 et elle conclura son texte par cette formule cinglante :
Et puis, on l'oublie. Ses romans sont démodés ou apparaissent comme tels : trop faciles. On la trouve vieille, ridicule. Elle est recueillie par une amie. Elle s'enferme dans un désenchantement élégant. Elle est toujours dandy. Elle meurt dans l'oubli. Après l'avoir indûment utilisée, le monde commercial l'avait jetée.
En 1998, la romancière rédigeait son épitaphe :
« En fait, j'ai été très surprise du scandale que ce livre a suscité. Pour les trois quarts des gens, le scandale de ce roman, c'était qu'une jeune femme puisse coucher avec un homme sans se retrouver enceinte, sans devoir se marier. Pour moi, le scandale dans cette histoire, c'était qu'un personnage puisse amener par inconscience, par égoïsme, quelqu'un à se tuer. »On l'encense, on l'adore, ce charmant petit monstre. Ses "frasques" (son côté dandy, ses voitures de sport, son accident de la route, ses séjours à Saint-Tropez, son goût pour le jeu et le casino, ses mariages... et peut-être sa bisexualité plus ou moins cachée) font le plaisir de la presse à scandale : le public la confond avec ses personnages et elle devient rapidement, malgré elle, le symbole d'une génération aisée, insouciante et désinvolte, sexuellement libérée. Éternelle adolescente, elle incarne un mode de vie et même une mode pour les jeunes gens avec ses jeans, ses tee-shirts à rayures, ses espadrilles sans chaussettes. Françoise Sagan a tout, dans ces années de prospérité de l'immédiat après-guerre, du phénomène de société.
(interview donnée à Alain Louyot et publiée dans L'Express le 27/09/2004).
Ses engagements politiques, rares (en 1961, en pleine guerre d'Algérie, elle signe la Déclaration sur les droits à l'insoumission dans la guerre d'Algérie, qui approuve l'insoumission des appelés en Algérie ; en avril 1971, elle signe le Manifeste des 343 femmes qui déclarent avoir avorté illégalement, plus connu sous le nom de Manifeste des 343 salopes ; elle fait don de ses droits polonais à Solidarność) ; son soutien (relatif) de François Mitterrand la gardent sur le devant de la scène : elle fait partie de cette gauche caviar qui a le pouvoir, on l'invite à la télévision, elle est probablement toujours mondaine.
Elle publie un livre tous les deux ans, sans compter les pièces. La critique, après s'être montré charmée, s'avoue agacée par « l'incontournable désinvolture » de cette bourgeoise.
Angelo Rinaldi, L'Express du 25 août 1994 :
« Le succès commercial de Madame Sagan est à ce point automatique désormais que la critique en vient à ne plus examiner ce qu'elle publie. Elle jouit d'une rente de situation. On dirait que le personnage malin et subtil qu'elle présente à travers ses interviews dispense à jamais de prendre connaissance de ses écrits. Il est entendu qu'elle bâcle - elle-même en convient. Et, c'est universellement admis, si elle voulait vraiment, quelles merveilles ne renouvellerait-elle pas ! Le dernier livre est-il exécrable ? Attendons le suivant. Et ainsi passent les années. Cependant, un jour on se décide à y regarder de près. Un jour, on se souvient qu'en littérature comme en amour ce sont les actes, les preuves qui comptent, et non les virtualités... »Et puis on la conspue : elle est est impliquée dans un trafic de drogue en 1995, et dans une affaire de fraude à millions (l'Affaire Elf) en 2002. Elle est condamnée, elle est ruinée, elle est blessée - si tant est qu'elle ne le fût déjà.
En 2001, Libération la trouve trop légère, pas politique, futile, inutile et bourgeoise. Elle adressera un fax au rédacteur en chef par lequel elle rappellera qu'elle et Bernard Frank ont signé le Manifeste des 121 et elle conclura son texte par cette formule cinglante :
« Ma réputation de futilité étant bien assise, je vous serais reconnaissante d'en citer à l'occasion les exceptions ».
Et puis, on l'oublie. Ses romans sont démodés ou apparaissent comme tels : trop faciles. On la trouve vieille, ridicule. Elle est recueillie par une amie. Elle s'enferme dans un désenchantement élégant. Elle est toujours dandy. Elle meurt dans l'oubli. Après l'avoir indûment utilisée, le monde commercial l'avait jetée.
En 1998, la romancière rédigeait son épitaphe :
« Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »
" petit oiseau effarouché
sur le grill
des poses d'écolière
très touchant "
...dit Cyril
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2 commentaires:
J'ai bien aimé le billet ainsi que la vidéo. Félicitations!
toujours avoir un Sagan sur sa table de chevet...
merci Alexis, je n'avais pas vu que j'étais cité!!
;)))))
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