lundi 9 juin 2025

London Calling !

 Début mai à Londres

 

Quel matin frais ! Comme on y plonge ! « On dirait qu’on l’a commandé pour des enfants. »

 

John et moi traversons la Tamise pour aller à Westminster, vifs et échaudés sur nos vélos. Tout le monde est pressé : il se passe des choses sérieuses et urgentes autour de Victoria Station.

Quelle matinée ! Quelle fraîcheur, quelle lumière, quelle joie ! J’y plonge comme une alouette alors que je traverse Sloane Square et Euston Gardens après avoir laissé John à Victoria. Car lui, il travaille et il se passe des choses sérieuses à Westminster ou à Brixton, ou dans la vie. Le Parlement est réuni. Le Roi, dit-on, est à Londres ! Une ambulance traverse le carrefour. Et la guerre gronde en Ukraine, elle fait rage en Palestine…

 

Mais cette fraîche matinée est commandée pour moi : London Calling !

Fraîches, les rues à peine ensoleillées – car on n’est que début mai et il est 9h30 – qui se calment maintenant que les travailleurs sont à leurs postes !

Fraîches, ces dames sorties pour une course ou pour un brunch avec une de leurs amies ! (La mode cette année dans ce quartier huppé ? Pantalon large blanc ou beige, chemisier à rayures, bleu ou marron.)

Fraîches, les anémones vives, les campanules et les pivoines encore en boutons ! C’est ravissant ! (13 livres la botte, non, je n’en achèterai pas).

Quelle fraîche matinée ! Comme on s’y plonge…


Je n’ai rien de sérieux à faire aujourd’hui : je vais à World’s End, sur King’s Road – n’allons-nous pas tous à la fin du monde ? - pour voir la dernière collection chez Vivienne Westwwod. John me dirait combien je suis futile. Pourtant, le soir, sous l’abat-jour bleu pétrole, main dans la main, peau contre peau, ce n'est pas ce qu'il me dit. Pourtant, je sais que la guerre gronde en Ukraine et qu’elle fait rage en Palestine. Mais depuis hier au soir, ce matin frais est commandé pour moi. Je me sens léger comme une alouette et j’ai ma place dans le monde.

Et ma mission ressemblerait à celle de Mrs Dalloway, du moins pas plus essentielle, si elle n’avait, elle, Clarissa, changé le monde en achetant des fleurs !



Alexis Garandeau

Mai 2024-Mai 2025

jeudi 27 mars 2025

Lu, adoré, perdu, retrouvé, relu, etc. (2)

 Quelles que soient les traductions, le poème de Djalâl al-Din Rûmî m'enchante toujours. Je vous le redonne dans deux versions :

Viens, viens, qui que tu sois
Vagabond, érudit, dévot, qu'importe
Dans notre caravane il n'y a pas de place pour le désespoir
Viens, même si tu as mille fois rompu tes serments
Viens, viens de nouveau
 
/
 
 Viens, viens, qui que tu sois,
Vagabond, adorateur, amoureux de partir,
Viens même si tu as rompu tes vœux mille fois, cela n’a pas d’importance, viens,
Viens encore une fois, viens :
Notre caravane n’est pas celle du désespoir.

Tarnac, un acte préparatoire

Alors que mon manuscrit de Rhapsodie au crépuscule a été refusé par un éditeur, ma déception est atténuée par le petit orgueil de trouver, dans mes recherches sur les Internets, que mon mémoire de Master 1 a été cité et a servi à l'article La lumière artistique du témoin : topographie en acte, d'Emmanuel Reymond.

En 2013, en effet, mon mémoire de Lettres Modernes, intitulé "Tarnac, un acte préparatoire de Jean-Marie Gleize : un livre-lieu de postpoésie" avait été très favorablement reçu par l'Université de Bourgogne. C'était, au final, une sorte de monographie sur l'ouvrage de Jean-Marie Gleize, décortiquant la stylistique, l'intertextualité, les références et les procédés d'écriture et de montage de ce livre poétique et politique. Emmanuel Reymond le trouve excellent et ça m'a fait du bien.

Tarnac, un acte préparatoire, de Jean-Marie Gleize, Ed. Seuil

jeudi 20 février 2025

Comment se remet-on à écrire ?

 Pour vraiment se remettre à écrire, je crois qu'il faut attendre et laisser passer les deux premiers mois d'hiver.

Une fois la période la plus sombre passée, quand les jours rallongent et que les oiseaux se remettent à chanter, alors que ce travail invisible et souterrain de l'hiver aura renforcé les racines et préparé le terreau, on commence à sentir plutôt qu'à voir les indices minuscules, énigmatiques et prometteurs du pré-printemps qui se rapproche.

La lumière et l'obscurité s'équilibrent, les graines germent, les pousses sortent, les bourgeons se gonflent.

Si vous vous êtes vous aussi laissé hiberner un peu, vous vous êtes reposé en profitant du ralentissement du temps et des activités. Vous avez un peu calmé les sombres angoisses et vous vous êtes rappelé que le renouveau viendra. Des amis vous rassurent et vous encouragent.

Et, un jour, un éclat de soleil dans les yeux ou l'une des toute premières fleurs (pâquerette, primevère ou perce-neige) réanimera un élan, une étincelle, et révèlera quelque chose de la vie intérieure qui se préparait, qui était déjà confusément à l’œuvre.

Alors, une fois rentré de promenade, vous retournez à votre table, prenez un stylo et une feuille de papier, et vous vous remettez à écrire.

Quoi ? Qu'importe. Le processus s'enclenche, le mouvement est lancé, la mécanique opère.

Un mot s'ajoute à l'autre, des lignes de mots s'additionnent pour former des phrases, un paragraphe, un texte, quelque chose ou peut-être rien.

Finalement, que la graine qui germe soit une capucine poivrée, une rose trémière à qui il faudra deux ans pour fleurir, ou une ancolie d'été un peu folle, qu'elle périclite dans son développement ou qu'une mésange l'avale - est-ce que le résultat est important ? Sans l'effort initial, sans la première lettre, sans le premier mot, on n'en saura rien.

Une lueur est apparue, un élan est né et, si vous les suivez, cela vous amènera bien quelque part, à écrire tout simplement, et qu'il en sorte quelque chose ou pas quelque fleur, ce sera quoi qu'il en soit un monde pour vous. Qu'il reste invisible et énigmatique aux yeux des autres reste anecdotique : vous vous êtes remis à écrire. Vous le sentez. C'est minuscule, mystérieux, peut-être prometteur. Continuez.

Vous écrivez.

mercredi 19 février 2025

Le bon moment pour écrire


 Ce soir ? Non, j'ai la migraine.

Mais demain, c'est dimanche et, si j'ai eu un bon sommeil, cela ira mieux et je pourrai me mettre à mon bureau. Quoi qu'il faudra faire le marché : j'aimerais qu'il y ait de bonnes choses à manger. Je boirai un verre de vin blanc avant de rentrer avec un poulet à rôtir et des légumes à préparer et, après avoir déjeuné, je crois que j'aurai besoin de faire la sieste.

Ensuite, si le temps le permet, j'aurai envie de sortir me promener pour me réveiller tout à fait. En revenant à la maison, je serai content de me faire une tasse de té et de préparer mes papiers et mes stylos.

Oui, demain soir, si tout se passe bien, ce sera le bon moment pour écrire.

lundi 17 février 2025

Comment se remettre à écrire ?

 Comment se remettre à écrire ?

C'est la question depuis un certain temps, déjà, et je ne trouve pas encore de réponse.

Mais il sera prévu, dans les jours qui viennent, deux heures par jour consigné à une table avec un stylo devant une feuille de papier.

 Comment se remet-on à écrire ? En écrivant.