samedi 5 février 2011

Extrait du cahier Des mots, des mots, des mots

Extrait du cahier Des mots, des mots, des mots

Quand on s’occupe d’un enfant (j’ai passé la soirée à garder Swann, 1 an), on se sent responsable.

(En effet, dans la vie, je me sens peu responsable : responsable de petites choses du quotidien, au quart responsable de la gestion de ma maison gérée par quatre personnes, plus ou moins responsable des personnes du Taillis Vert, responsable des quatre ou cinq élèves que je suis, responsable de La Pierre qui Roule avec ses trois ou quatre auteurs, plus ou moins responsable de mes petits frères (Régis et Steve même s’ils sont en voyage ou à l’étranger, Hamidou à Bamako, Souleymane au Burkina) qu’ils soient de sang, de village ou de cœur – je n’ai pas de sœur. Je suis plus ou moins responsable de mes amis (suis très mauvais pour prendre des nouvelles, ils et elles sont parfois meilleurs que moi).
Très peu responsable en somme, selon les normes : ni femme ni enfant - sic.
Dans tout ça, je suis officiellement en voyage par rapport aux passeurs mais au sein desquels je suis juridiquement responsable et j’ai participé activement – du moins en présence malgré mon statut de voyageur – aux réunions, aux rendez-vous politiques, aux quelques AG.
Dans tout ça, je suis en crise par rapport à mes engagements envers le collectif trans-pédé-gouines-Freaks complotent de Saint-Etienne, mais toutefois responsable de devoir leur dire ce que je ressens.
De la même façon, je suis responsable de devoir dire ce que je ressens : une immense lassitude de ces trajets à Grenoble (pas moins d’une dizaine en 2010 dont plus de six pour les passeurs, quatre heures de route pour quelques heures de réunion) où je viens essentiellement pour des réus ou pour La Pierre qui Roule, et que je n’ai plus la prétention de coupler avec une nuit chez des amis ou un verre avec les copines, au mieux j’en profite pour quelques courses citadines pour la maison – il m’est impossible de gérer plus d’une manière efficace et responsable, sinon cela laisse tout le monde insatisfait et l’on m’en veut.
Je n’ai pas parlé d’écriture. Depuis la nouvelle de l’automne 2009 (la Boîte Damasquinée), et depuis le journal d’hiver 2010 (Mots divers et d’autres lieux, heureusement publié), j’écris fort peu. Pourtant, en même temps que je compose ce mail, je reprends le travail sur Mitsou – c’est bon signe.
Voici, je fais une crise de responsabilité, de mes irresponsabilités, de mon manque de responsabilité, de mes engagements divers que je n’honore plus vraiment parce que la somme semble vaine et floue. Je ne songe pas, pourtant, à arrêter les passeurs : les réflexions en cours me passionnent, les actions me semblent nécessaires. Je veux simplement bénéficier vraiment du voyage que j’ai formalisé il y a un an et demi.
Mars me verra à Grenoble pour placer les bouquins d’Ernest – pas avant. Et si jamais une réunion avait lieu à ce moment-là, cela me dirait peut-être. Pas avant.
D'ici là, j'ai besoin de retrouver mes amis.

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